Intervention de Denis Baupin

Réunion du 2 juillet 2014 à 9h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

L'exposé très détaillé du rapporteur a parfaitement démontré, si besoin en était, que les instruments internationaux de lutte contre le changement climatique constituent une véritable « usine à gaz » et que les mécanismes onusiens trouvent aujourd'hui leurs limites.

Depuis la conférence de Copenhague, on s'est habitué à se contenter de peu.

Si le groupe écologiste votera naturellement la ratification de l'amendement au Protocole de Kyoto, afin que le mécanisme perdure, il le fera avec la conscience de l'immense décalage entre, d'une part, les enseignements des rapports successifs du GIEC et la réalité des dégâts déjà causés sur différents territoires par le dérèglement climatique, et, d'autre part, le piétinement des négociations multilatérales.

Tous les regards sont désormais tournés vers la COP 21 en 2015, qui pourrait être le moment où un accord se concrétise enfin. Quelques signaux négatifs apparaissent, lorsqu'on constate que certains États comme le Canada ou l'Australie se désengagent des discussions. D'autres pays envoient des messages plus encourageants, puisqu'il semble que les États-Unis et la Chine prennent progressivement conscience de la nécessité d'agir. Tout cela débouchera-t-il sur des efforts à la hauteur des besoins et, surtout, sur des prises de décision ?

Je considère que l'Union européenne n'est pas, aujourd'hui, à la hauteur de ces enjeux : l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30 % à l'horizon 2020 n'a pas été validé, alors même que l'objectif initial de - 20 % devrait pouvoir être atteint sans effort particulier – du fait notamment de la crise économique. Pour ce qui concerne l'horizon 2030, les décisions sont systématiquement reportées, sous la pression notamment de la Pologne et des autres États charbonniers qui, aux frontières de la Russie, ont du mal à réaliser leur autonomie énergétique.

D'autres questions sont, en outre, pendantes d'ici 2015. Il s'agit notamment de l'adaptation au dérèglement climatique et de la question des financements – les 100 milliards de dollars annuels promis pour aider les pays les plus pauvres risquent d'être difficiles à rassembler et, sur ce sujet comme sur d'autres, l'Union européenne ne fait pas preuve d'un volontarisme extrême.

La nécessité de fixer un prix du carbone s'impose plus que jamais au plan européen, afin d'éviter les phénomènes de substitution du charbon au gaz, et mondial.

La question du changement climatique dépasse largement celle de la simple préservation de l'environnement. Elle est susceptible d'avoir un impact considérable sur nos économies, négatif comme positif : le rapport Stern de 2006 avait tiré la sonnette d'alarme et sa nouvelle édition, attendue en septembre prochain, devrait démontrer que la situation n'a cessé d'empirer depuis cette date.

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