Intervention de Noël Mamère

Réunion du 25 juin 2014 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

La position des écologistes sur le nucléaire et la politique énergétique de notre pays, entre autres sur la question du gaz de schiste, est très différente de celle exprimée au sein de cette commission. M. Mandil a été un artisan de la politique énergétique de la France dans les hautes fonctions qu'il a occupées en qualité d'ingénieur des Mines, un corps qui a la haute main sur cette politique. Cette influence s'est reflétée dans le choix du gouvernement de laisser à EDF le soin de décider de la fermeture ou de l'ouverture de centrales nucléaires.

Le Premier Ministre, dans sa Déclaration de politique générale, a réduit la transition énergétique à une simple stratégie de bas-carbone. C'est également ce que M. Mandil et Mme de Maisonneuve viennent d'exposer et de défendre devant nous.

La question du nucléaire ne se résume pas à un débat entre la France et l'Allemagne. Il n'est pas possible de parler de politique européenne si l'on réduit la question du nucléaire à ces deux pays. L'Allemagne n'a pas décidé seulement une politique d'énergies renouvelables mais également une politique d'efficacité énergétique et d'économie d'énergie. L'on souligne que l'Allemagne a été contrainte de recourir aux mines de charbon depuis qu'elle a décidé d'abandonner le nucléaire, mais je voudrais rappeler aussi que l'Allemagne consomme 20% d'énergie de moins que la France.

Nous venons d'assister à une grande opération politico-médiatique sur le rachat d'Alstom par la Société générale électrique qui remet totalement en cause le discours du Président de la République sur l'Airbus de l'énergie. Aujourd'hui, au regard des disparités qui existent entre les différent pays européens et en raison de politiques contradictoires, il n'est pas possible de soutenir une politique énergétique européenne, ni de mettre en place, comme le souhaiterait le Président de la République, un Airbus des économies de l'énergie.

Je ne suis pas d'accord avec M. Mandil lorsqu'il explique que le marché du permis à polluer a échoué à cause de la crise : son échec est dû à un prix non attractif de sept euros. Comment voulez-vous qu'à ce prix- là et dans de pareilles conditions, le marché de réduction du carbone fonctionne ?

J'entends parler de surproduction d'énergie de l'Allemagne qui le vend in fine à son hinterland, c'est-à-dire aux pays anciennement contraints par le Pacte de Varsovie. Je rappelle que la production nucléaire française n'est pas souple et qu'il a donc fallu mettre en place les tarifs heures pleines et heures creuses. Le premier exportateur net d'électricité en Europe est l'Allemagne, or la France profite de cette exportation.

En outre, M. Mandil nous explique que finalement, il faudrait cesser de soutenir les énergies renouvelables qui auraient profité d'une bulle financière. Toutefois, il faudrait préciser aux Français que l'énergie nucléaire, ce sont nous, nos parent et nos grands-parents, qui la payons depuis qu'un ingénieur des Mines, Pierre Guillaumat, et le général de Gaulle ont décidé de donner de l'importance au Commissariat à l'énergie atomique et ont lancé la construction de centrales nucléaires en 1973.

Enfin, je terminerai par l'évocation des gaz de schistes. On ne peut pas expliquer qu'il faudrait changer de logiciel, c'est-à-dire ne plus dépendre des énergies fossiles, et nous expliquer que le gaz de schiste, c'est l'avenir. Quand l'homme est passé de l'âge de pierre à l'âge de fer, ce n'est pas parce qu'il manquait de pierres mais parce qu'il a décidé de changer de logique. Ainsi, nous pourrions avoir des tonnes de gaz de schiste sous nos pieds sans que pour autant, il faille entrer dans une logique de transition énergétique qui passe par une efficacité énergétique impliquant une moindre dépendance aux énergies fossiles.

Je ne pense pas que la discussion que nous avons aujourd'hui s'inscrive dans ce que nous les écologistes nous entendons par « transition énergétique ». Notre conception est très éloignée de celle du Gouvernement qui, hier soir, a déposé un amendement pour tordre le cou à la « polytaxe » sur les camions qui, in fine, est devenue une taxe qui va apporter encore plus de camions sur nos routes.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion