Intervention de Cécile Maisonneuve

Réunion du 25 juin 2014 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Cécile Maisonneuve :

L'Energiewende allemande est présentée de manière caricaturale en France. On occulte à quel point le consensus national qui l'entoure est fort. Par exemple, on a rapporté que Sigmar Gabriel avait qualifié de « folie » l'Energiewende ; en réalité, il parlait simplement du développement de l'autoconsommation. Il ne faut donc pas voir ce projet avec nos yeux de Français ; les Allemands ne reviendront pas au nucléaire : le sentiment anti-nucléaire est profondément ancré, il a des origines historiques et anciennes. L'Energiewende est un projet complexe, qui associe plusieurs dimensions : la baisse de la consommation d'énergie primaire, la baisse de la consommation d'électricité, le développement des énergies renouvelables et la baisse des émissions de CO2. Les Allemands débattent actuellement pour réviser leur loi dite EEG, afin de rapprocher le financement des énergies renouvelables des mécanismes de marché, c'est-à-dire d'aller des tarifs de rachats vers des appels d'offre. Par ailleurs, le Ministre Sigmar Gabriel mène une négociation compliquée sur l'assiette de financement du projet ; le consommateur allemand paie un prix très lourd, et le but est d'y associer davantage la grande industrie exportatrice.

Le sujet n'est pas de savoir si c'est un exemple à suivre ou non. Il s'agit plutôt de voir les enseignements que l'on peut tirer de cette Energiewende. L'organisation de leur gouvernance, au niveau territorial et au niveau politique, est très intéressante. Elle conduit à donner une responsabilité spécifique au SPD pour la mise en oeuvre du projet. Leurs travaux sur la question du financement des renouvelables – le coût du capital étant très élevé – peuvent aussi nous inspirer.

Il est stérile d'opposer systématiquement la France à l'Allemagne. Comment réduire l'empreinte environnementale de nos consommations ? C'est là le vrai problème. De ce point de vue, la démarche de la Commission, qui consiste à demander que chaque pays se fixe un objectif propre en matière d'énergies renouvelables, est intéressante. Si l'on impose le même objectif à tout le monde, on se retrouve avec une production d'énergie renouvelable qui ne correspond pas aux besoins.

Au sujet de la gouvernance, les énergies renouvelables imposent d'avoir un nouveau modèle qui associe mieux les territoires. A cet égard, l'exemple allemand est intéressant.

Pour ce qui est de la position de la France, nous avons eu un grand débat sur la transition énergétique, qui a permis de dégager des orientations traduites dans le projet de loi qui va être examiné à la rentrée. La France doit être active au niveau européen sur ce sujet, qui sera un enjeu pour les négociations relatives à la composition de la future Commission.

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