Intervention de Claude Mandil

Réunion du 25 juin 2014 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Claude Mandil :

Je reviens sur les risques liés aux réseaux d'électricité. En raison de l'intermittence des énergies renouvelables, par exemple de l'éolienne, ces réseaux sont soumis à des stress nouveaux, en particulier en Europe du Nord. Comme, par ailleurs, il faut dix ans pour construire une ligne à haute-tension, dont neuf ans de consultations et de procédures, on se trouve face à un hiatus. L'Italie du Sud ne peut pas transporter son énergie photovoltaïque vers le nord du pays ! Un risque sérieux pèse donc sur les réseaux pour les années à venir.

Les coûts des énergies renouvelables sont très hétérogènes. Je signale au passage qu'il est difficile de connaître les coûts de rachat en réponse aux appels d'offre : il y en a eu un récemment pour l'éolienne off shore, il m'a été impossible d'obtenir l'information, qui semble gardée comme un secret d'Etat. Peut-être la représentation parlementaire aurait-elle un rôle à jouer pour obtenir plus d'informations à ce sujet. Toujours est-il que les coûts varient beaucoup d'une énergie à l'autre. L'énergie éolienne on shore n'est pas loin d'être compétitive : son prix de rachat est modéré. La contrepartie est qu'elle nuit aux paysages. Le photovoltaïque pourrait aussi, au vu des rapides progrès enregistrés, devenir compétitif, surtout dans les régions ensoleillées. En revanche, l'éolien off shore est très loin de l'être, et je ne comprends pas l'engouement du Royaume-Uni pour cette énergie.

Au sujet de la prochaine conférence Climat de Paris, je suis plutôt optimiste, car elle est entre les mains de la France. J'ai cependant une inquiétude, si l'objectif est de parvenir à un traité. En effet, le Congrès américain, dans sa composition actuelle, ne ratifiera jamais un engagement contraignant en matière environnementale. De même, la Chine refusera probablement de se lier.

Pour ce qui concerne l'Europe de l'énergie, je suis d'accord avec la présidente, nous ne ferons pas changer les autres d'avis. Mais comment améliorer la situation d'ensemble ? Les Allemands avaient le droit de renoncer au nucléaire et de développer les énergies renouvelables, mais ils n'auraient pas dû prendre ces décisions aussi brutalement, sans la moindre consultation, alors même qu'elles avaient des conséquences lourdes pour leurs voisins. Comme Cécile l'a bien dit, leur projet fonctionne uniquement parce que nous ne faisons pas la même chose. Pour ne pas que ce genre de situations se reproduise, je proposerais volontiers un mécanisme de soft power inspiré de mon expérience à l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Les pays seraient libres de faire ce qu'ils veulent en matière énergétique dans le cadre du traité de Lisbonne, mais devraient veiller à la cohérence de leurs décisions avec celles de leurs voisins. Cela se ferait par un mécanisme de peer review, débouchant sur des rapports publics qui permettraient de faire progressivement prendre conscience des impératifs européens. Au sein de l'AIE, ce mécanisme donne un levier important sur les décisions des Etats membres.

Au sujet des territoires, je suis d'accord avec Michel Destot. Nous ne regardons pas assez ce qui se fait à l'étranger. Par exemple, il existe une organisation très active, le « C40 » (Cities Climate Leadership Group), qui regroupe les plus grandes villes du monde, dont Paris – entre parenthèse, les données concernant Paris ne sont pas disponibles ! Cette organisation fait un travail considérable de réflexion en commun sur la transition énergétique en associant divers domaines : urbanisme, transport, labellisation. Tous les labels, ou presque, sont proposés par le C40 et décidés par des organisations anglo-saxonnes.

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