Intervention de Thomas Cazenave

Réunion du 1er juillet 2014 à 17h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Thomas Cazenave, directeur général adjoint « Opérations, stratégie et relations extérieures » de Pôle emploi :

Depuis deux ans et demi, nous avons commencé à changer le mode de fonctionnement interne de Pôle emploi, afin de sortir d'une approche quelque peu mécanique, standardisée et stéréotypée du suivi des demandeurs d'emploi, grâce notamment au suivi mensuel personnalisé. De nombreux rapports avaient mis en évidence l'excès de centralisation et de rigidité d'un opérateur unique. Il faut, afin d'améliorer l'efficacité de notre action, la déconcentrer largement. Or, la personne la mieux placée pour savoir ce dont a besoin un demandeur d'emploi ou une entreprise engagée dans un processus de recrutement est le conseiller de Pôle emploi. Il serait donc paradoxal de vouloir fixer un nombre de prestations sous-traitées par conseiller, au risque d'envoyer des demandeurs d'emploi en prestations alors même qu'ils n'en ont pas besoin. Il s'agit là, en effet, d'un point sur lequel les appréciations de la Cour et de Pôle emploi divergent.

Quant à la qualité de la prestation, elle repose essentiellement sur la compréhension qu'ont les conseillers de l'utilité même du recours aux opérateurs placement. Nous entendons, avec l'évolution stratégique que nous avons engagée, passer d'une logique de concurrence à une logique de complémentarité où les opérateurs sont mobilisés sur des demandeurs d'emploi plus autonomes, permettant aux conseillers de Pôle emploi d'assurer un accompagnement plus intensif. C'est là pour nous l'une des conditions nécessaires pour améliorer la qualité de la prescription par les conseillers.

Monsieur Castaner, pour ce qui est de la capacité à opérer le revirement stratégique que vous évoquez et du risque d'une baisse de la performance de l'opérateur public, la responsabilité du service public consiste à concentrer ses forces sur ceux qui ont le plus besoin d'un accompagnement intensif pour le retour à l'emploi. C'est aussi le coeur du métier des conseillers de Pôle emploi.

Nous allons mettre en place un dispositif d'évaluation de cette nouvelle prestation, qui sera opérationnel au milieu de l'année 2015. Ce dispositif sera conçu en amont de manière que les conditions de l'évaluation soient aussi irréprochables que possible. Je précise cependant que les travaux d'évaluation cités par la Cour ont été commandités par le comité d'évaluation de Pôle emploi. Pour cet exercice compliqué, nous avons retenu des experts qui sont parmi les meilleurs à l'échelle européenne, sinon mondiale : M. Bruno Crépon et le centre de recherche en économie de l'INSEE.

La passation de marchés nous permet de rechercher des compétences dont les conseillers ne disposent pas, notamment en matière de création d'entreprise. Quant à notre capacité à traiter les demandeurs d'emploi connaissant des difficultés sociales nous avons revu en profondeur le cadre de notre coopération avec les conseils généraux, notamment pour l'accompagnement global. Ce dispositif est en place dans quatre départements et en concernera une cinquantaine d'ici au début de 2015. Il permettra un accompagnement « à double tête », professionnel par les équipes de Pôle emploi, dont c'est le coeur de métier, et social par celles des conseils généraux.

Monsieur Gille, les biais d'orientation des demandeurs d'emploi auprès des opérateurs de placement sont en effet l'un des sujets de discussion que nous avons eus avec ces opérateurs. Les évaluateurs se sont du reste attachés à neutraliser les biais de sélection afin de disposer d'une mesure précise de l'efficacité réciproque de Pôle emploi et des opérateurs. J'observe par ailleurs que, sur la période au cours de laquelle on nous a accordé 4 000 postes supplémentaires, la demande d'emploi a hélas continué à progresser de manière assez dynamique.

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