Intervention de Martin Bouygues

Réunion du 1er juillet 2014 à 17h00
Commission des affaires économiques

Martin Bouygues, président-directeur général du groupe Bouygues :

Pour en revenir à Alstom, nous avons acheté les titres en 2008-2009, avant la crise. Nous avons dû déprécier très significativement dans nos comptes notre participation au capital, ce qui a engendré 1,5 milliard d'euros de pertes pour notre groupe en 2013. Il s'agit donc évidemment d'une participation difficile à gérer.

J'ai lu, moi aussi, des allusions à des accords négociés entre Bouygues et l'État et qui porteraient sur des compensations. Je vous rassure : nul accord de cette nature n'a été conclu dans aucun des secteurs dans lesquels nous intervenons.

Industriel par tempérament, entrepreneur par goût, j'ai pour métier de développer et faire croître les entreprises. L'avenir d'Alstom est, pour moi, une vraie préoccupation. Mon obsession, dans cette affaire, a donc été de ne pas bloquer l'opération, ce qui aurait mis Alstom dans une situation très problématique, mais au contraire de la faciliter autant que possible – ce que j'ai fait.

En ce qui concerne le plan de restructuration qui touche Bouygues Telecom, j'estime que lorsque le régulateur prend des décisions aussi importantes, qui obligent les entreprises qu'il régule à modifier brutalement leur modèle économique, l'État devrait en assumer la responsabilité. Ce plan, qui concerne 1 500 personnes, fait suite à celui de 2012 que vous avez rappelé et qui en a touché 550. Sachez que, parmi ces dernières, seules quatre n'ont pas encore retrouvé un emploi stable. La tradition sociale de Bouygues n'a rien d'agressif ni de dur, au contraire : nous avons toujours consenti d'énormes efforts pour préserver la situation de l'emploi et un bon climat social au sein de notre groupe. Ce plan est la chose la plus terrible qu'il m'ait été donné de faire au cours de ma carrière. J'ai soixante-deux ans, je travaille depuis quarante ans, je préside Bouygues depuis vingt-cinq ans et je ne m'attendais pas à devoir subir une telle situation.

Pour l'avenir, nous devons préparer Bouygues Telecom à être compétitif dans un environnement composé de quatre opérateurs. La dégradation de cet environnement va-t-elle obérer leurs capacités d'investissement ? Dans un premier temps, en tout cas, on peut le penser. J'ai évoqué les pertes considérables qu'ils ont subies et qui entraînent, pour l'État français, une perte de recettes fiscales elle-même considérable. Comment ces pertes resteraient-elles sans effet ?

Avez-vous été vous-mêmes consultés sur ce choix ? Comment tout cela fonctionne-t-il ? Je ne sais pas comment l'État fonctionne. Je suis tout de même un peu surpris : pareille violence, c'est incroyable !

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