Intervention de Jacques Toubon

Réunion du 2 juillet 2014 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Jacques Toubon :

Je vous remercie de vous être exprimé en ces termes. Vous avez assez largement sollicité mes propos ; mais il est vrai que, en matière de consensus, je ne suis probablement pas, parmi les hommes politiques qui ont exercé depuis quelques dizaines d'années, l'un des plus mal placés. Cela étant, le Défenseur des droits n'est pas affaire de consensus, mais de vérité, de vérité juridique. Comme le disait tout à l'heure l'un de vos collègues, il s'agit de se frayer un chemin dans les deux sens, de faire en sorte que celui qui réclame le droit ait la possibilité d'accéder à la proclamation et à la réalisation de ce droit, et que le Défenseur des droits, lui, puisse aller jusqu'à la vérité des situations, les qualifier et en tirer toutes les conséquences pour que le droit qui est revendiqué puisse être mis en oeuvre par ceux qui sont compétents – tribunaux, administrations… Ne confondons pas tout. Je me garderai d'être un Défenseur des droits « Bisounours » : je serai un Défenseur des droits, du droit. Cela implique parfois que certains soient d'accord et d'autres non, mais c'est le travail qui me sera – peut-être – confié.

Quant à votre dernière question, vous pourriez l'adresser au président de la République, qui m'a fait l'honneur de proposer ma nomination. Pour ma part, je vous répondrai ceci. J'ai récemment assisté à la représentation d'un opéra de Monteverdi, Le Couronnement de Poppée. Voici ce qu'y dit Sénèque – cela pourrait s'adresser à toutes les majorités, à toutes les forces dominantes à un moment donné : « Le parti néfaste l'emporte toujours quand la force surpasse la raison. » Je crois qu'il a raison.

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