Intervention de Pierre Mongin

Réunion du 2 juillet 2014 à 16h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Pierre Mongin, président-directeur général de la RATP :

La RATP est responsable de 350 gares de métro et de RER. Notre réseau a déjà 114 ans, il en aura 125 au moment de l'Exposition universelle. Or, il n'a pas été conçu pour les foules qu'il doit aujourd'hui accueillir : le débit des voyageurs pose dès aujourd'hui problème. De même, il faut améliorer l'accessibilité du réseau pour les personnes handicapées. Vous pointez un vrai problème : le plus beau métro du monde, qui transporte plus de 5 millions de voyageurs par jour, bien plus moderne et plus efficace que celui de New York, bien plus dense que celui de Tokyo, court le risque d'être ringardisé par l'arrivée du Grand Paris Express. Il faudra bien réfléchir, car une bonne connexion entre les deux réseaux est tout à fait nécessaire.

Nos gares, nos couloirs, nos accès… seront-ils à la mesure de la fréquentation ? C'est un problème qui se pose déjà sur la ligne 14, pourtant très récente. Sur cette ligne, nous allons d'ailleurs passer de six à huit voitures par rame en 2019 ou en 2020. Nous devons aussi recalculer les accès à des stations, même récentes, comme celle de la Bibliothèque nationale de France. Je parle parfois de « syndrome de la poussée des murs ».

Puisque nous allons transformer nos gares, nous aimerions proposer à de très petites entreprises de s'installer dans des espaces fournis par la RATP, pour amener plus de services à nos usagers. Une conciergerie est ainsi expérimentée à Montrouge. Mais il faudrait un peu plus de place, et ces activités n'ont pas une forte valeur ajoutée. De plus, les règles du génie civil souterrain, notamment en matière de sécurité, sont très strictes et limitent les possibilités. Nous n'avons donc pour le moment pas de modèle économique viable pour lancer ce projet. Les gares peuvent vraiment être des lieux de vie et de convivialité – on peut le constater à Tokyo.

La RATP a également lancé un projet de recherche architecturale sur les espaces de transport du futur : Osmose. Nous travaillons notamment sur l'utilisation de la lumière naturelle : ainsi, la station de métro Front populaire est à ciel ouvert.

Les gares vont donc encore beaucoup changer et devenir certainement beaucoup moins austères. Cette réflexion est aujourd'hui surtout liée à la perspective de la juxtaposition avec le réseau du Grand Paris. Mais ne nous voilons pas la face : aujourd'hui, la plupart de nos projets ne sont pas financés. Nous faisons les travaux de sécurité indispensables. Mais nous aimerions par exemple installer des escaliers mécaniques beaucoup plus nombreux, pour faire face au vieillissement de la population. Nous devrons en discuter avec le STIF.

Quant à l'intermodalité, nous sommes plutôt bien placés en matière billettique, puisque nous avons une autorité unique, le STIF. La carte sans contact est d'ailleurs une invention française.

En 2025, notre système aura changé, j'en suis sûr, mais je ne sais pas encore quel il sera. Le smartphone jouera sans doute un rôle important. Mais, sur la norme NFC qui est en train d'émerger, mais qui n'est pas complètement universelle, nous rencontrons de vraies résistances. Il faudrait pourtant agir vite.

J'insiste enfin sur le fait que rien ne vaut l'humain. Le personnel est un soutien, un appui. Il faudra penser aux langues étrangères – nous y travaillons. Actuellement, nous dotons tous nos personnels de tablettes numériques, afin qu'ils soient informés en temps réel sur le trafic, sur ce qui se trouve à proximité d'une station... Jean-Paul Huchon et moi-même sommes tombés d'accord pour maintenir une présence humaine forte dans le métro – contrairement à ce qui se passe à Londres, par exemple. Cela a un coût ; mais cela permet notamment de sécuriser les voyageurs. Les personnels constituent un atout majeur pour un projet comme l'Exposition universelle.

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