Intervention de Paula Vasquez-Lezama

Réunion du 24 juin 2014 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Paula Vasquez-Lezama, chargée de recherche au CNRS :

Le parcours de l'opposition vénézuélienne a été catastrophique après 2002. Elle a payé très cher le coup d'État perpétré contre Hugo Chavez et a connu un retrait lors des élections législatives de 2005. L'opposition a démontré son incapacité à saisir intelligemment la situation dans laquelle se trouvait le pays. La population ne comprenait pas ce qui se passait. J'ai un grand respect pour l'électorat qui avait vu dans l'arrivée d'Hugo Chavez au pouvoir l'incarnation d'un ordre social plus juste.

La montée de l'opposition est un phénomène intéressant car l'opposition des années 2012 et 2014 n'est pas celle des années 2002 et 2005. Il y a une évolution essentielle. La Table de l'Unité Démocratique agit comme un parti politique qui évolue dans une démocratie. La question du régime est cruciale car il existe actuellement une mise en cause de la séparation des pouvoirs au Venezuela. Luisa Estella Morales, Présidente de la Cour Suprême vénézuélienne, a elle-même affirmé que ceci constitue un problème car les tribunaux ne peuvent pas agir en suivant les lignes chavistes. Le statut a attribué à l'opposition qui se veut institutionnelle et démocratique, dans le jeu politique au Venezuela, constitue un problème. C'est cette situation qui suscite actuellement désespoir et violence dans le pays. Aussi, Maria Corina Mochado et Leopoldo Lopez ont lancé une offensive non institutionnelle sur laquelle je suis plutôt sceptique car aujourd'hui, l'opposant vénézuélien Leopoldo Lopez est en prison tandis que Maria Corina Machado, députée de l'opposition, a été destituée de son poste à l'Assemblée Nationale au Venezuela. La difficulté aujourd'hui réside dans la détermination du statut à donner aux opposants politiques au Venezuela.

Une dimension géopolitique est à prendre en considération. Il existe un axe majeur La Havane- Managua- Caracas où des intérêts étatiques importants se manifestent. A titre d'exemple, un étudiant en géopolitique a récemment produit une analyse remarquable sur la vente d'armes russes au Venezuela et au Nicaragua. Il y a une importante présence russe au Venezuela, et également chinoise. La seule usine de kalachnikovs aujourd'hui présente sur le continent latino-américain se trouve au Venezuela. Cette zone présente donc des enjeux essentiels pour l'Union Européenne.

Au sujet de la relation entre Cuba et le Venezuela, deux éléments sont particulièrement significatifs d'un lien fort entre les deux pays, à commencer par l'état civil. Dans le cas d'un renouvellement de passeport ou de carte d'identité, c'est un fonctionnaire cubain qui vous accueillera et vous les remettra, ce qui témoigne d'un degré d'ingérence important de l'État cubain, sans précédent dans l'histoire du Venezuela. Dans le cas de l'achat d'un bien, c'est à un notaire et à un secrétariat cubain qu'un citoyen vénézuélien va s'adresser. Les deux pays coopèrent de façon « fusionnelle » sur ces questions, de sorte que Cuba apparaît bien comme un allié étant donné son fort degré d'intromission au Venezuela.

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