De façon considérable.
La raison essentielle de ces difficultés relationnelles est la regrettable habitude qui a été prise en France, depuis très longtemps, de considérer séparément enseignement supérieur et recherche, y compris dans les structures administratives (il existe une direction générale de la recherche et de l'innovation et une direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle) et les stratégies nationales, avec la stratégie nationale de l'enseignement supérieur et la stratégie nationale de la recherche.
Or, aujourd'hui, la mission de recherche des universités est très importante. Dans les dernières décennies du XXè siècle, il a été recruté dix fois plus de maîtres de conférences ayant aussi une fonction de chercheur que de chercheurs proprement dits. Eu égard à la puissance de recherche désormais présente au sein des universités, il n'y a plus lieu de maintenir cette forte distinction.
Dans le cadre de cette stratégie de politique scientifique, j'ai exposé à la Conférence des présidents d'universités que le partenariat entre les universités et le CNRS allait se concrétiser désormais par un dialogue sur des projets communs, une conception des UMR comme des unités réellement copilotées par le CNRS et les universités, et une transformation des conventions de partenariat passées entre le CNRS et les universités en véritables documents de réflexion stratégique et de projets communs pour l'avenir.
Le CNRS couvrant presque toutes les disciplines, il est lié par des conventions avec pratiquement tous les établissements de chaque site. J'ai donc proposé l'établissement de conventions de sites, liant plusieurs établissements d'un site et le CNRS, pour réfléchir à des projets partagés, interdisciplinaires et comportant des aspects de mutualisation.
Cette proposition a reçu un très bon accueil. Le CNRS a changé les modalités pratiques de ses relations avec les universités – son président allant sur place signer les conventions de sites au lieu que les présidents des universités partenaires soient convoqués à son siège, par exemple….
Aujourd'hui, le CNRS a établi de nombreuses conventions de site, avec les établissements de Bordeaux-Aquitaine, d'abord, mais aussi avec ceux de Toulouse, voire avec des sites où il n'a pas été constitué d'IDEX. Nous continuons à mailler le territoire de conventions de sites partout où le CNRS est présent. L'objectif est de faire en sorte que, sur un site, les établissements très morcelés ou divisés puissent se réunir autour de projets communs, pour créer de nouveaux établissements susceptibles de disposer de tous les attributs d'universités ou d'établissements de recherche tels qu'on les connaît à l'étranger, la multidisciplinarité notamment.
Le programme d'investissements d'avenir a été une aubaine pour le CNRS ; en effet, ce qu'on pouvait considérer comme son objectif de territorialisation de la recherche et de l'enseignement supérieur – à travers les structures qu'il mettait en place – allait dans le même sens que l'action conduite par le CNRS.
Nous avons donc très vite pris contact avec les sites qui constituaient des projets d'IDEX, et accompagné ces projets. Si certains de ces sites n'ont pas été retenus comme IDEX, nous constatons a posteriori que le simple fait d'avoir présenté un projet a permis par lui-même une meilleure structuration du site ou des réflexions sur la façon dont il pourrait être construit – je pense notamment à Bourgogne-Franche Comté. Aujourd'hui, certains sites qui n'avaient pas jugé leurs chances assez fortes pour construire un projet regrettent souvent de ne pas l'avoir fait, du fait de l'effet de structuration qu'ont créé le montage d'un projet et les échanges avec un jury international.