Je ne suis pas complètement sûr de cet effet de vases communicants. D'autres éléments peuvent expliquer cette diminution. Le premier est que l'Europe s'est élargie, et avec elle le nombre de porteurs de projets éligibles aux financements européens. Par ailleurs, nous avons toujours eu des difficultés à motiver des chercheurs pour être coordinateurs de projets européens. Enfin, au CNRS, nous avons dû faire face à un incident assez lourd à gérer et qui a laissé des traces, l'audit du sixième PCRD (programme cadre de recherche et développement). Les auditeurs de la Commission européenne n'ont pas été très loin de penser que le CNRS fraudait la Commission. L'Olaf, l'Office européen de lutte antifraude, a été mis sur l'affaire. Cela a valu à des ingénieurs de recherche du CNRS d'être retenus pendant des après-midi entières par la police judiciaire pour s'entendre demander s'il n'y avait pas eu de fraude organisée au plus haut niveau au CNRS pendant la durée du programme. Le caractère insupportable de la bureaucratie bruxelloise – même si celle-ci s'est légèrement détendue, mais insuffisamment, ces derniers temps – peut aussi être un facteur d'explication de la moindre appétence des équipes françaises pour les financements européens.