Bravo ! Encore une belle invention de la gauche ! Mais attention, à la longue, le strabisme divergent fait mal aux yeux. Plus sérieusement, l’on peut se demander à quoi sert le Premier ministre si aucun arbitrage interministériel n’a de valeur. Ou alors, faut-il comprendre que la position du Gouvernement résulte de la moyenne des positions divergentes de ses membres ?
Mes chers collègues, ce que je décris brièvement, non sans, je le reconnais, une certaine ironie, ressemble en réalité à une méthode de gouvernance qui a été théorisée par les auteurs de l’ouvrage Gouverner par le chaos.
Ce harcèlement permanent semble avoir pour seul but de culpabiliser les agriculteurs, de saper les organisations collectives dont ils se sont dotés pour les remplacer par de nouvelles, de leur imposer des choix qui ne sont pas les leurs et parfois, raffinement suprême, d’obtenir leur consentement.
À tout le moins, cette agitation autour du monde agricole crée une mauvaise ambiance et justifie toutes les actions dites militantes : ici on fauche des cultures, là on arrache une plantation de pommiers, ailleurs on démonte les équipements du chantier d’une étable. Chacun y va de son initiative, au mépris de toutes les lois, en se sentant conforté par l’attitude plus que brouillonne de ceux qui sont supposés fixer le cap pour notre pays.
À sa manière, ce projet de loi d’avenir pour l’agriculture contribue à cette oeuvre de déstabilisation du monde agricole. En imposant les groupements d’intérêt économique et environnemental, les GIEE, en risquant de bloquer le fonctionnement des interprofessions, en généralisant les clauses environnementales dans les baux ruraux, en donnant aux SAFER un droit de vie ou de mort sur tout projet de société agricole…