Intervention de Jean-Michel Clément

Séance en hémicycle du 7 juillet 2014 à 16h00
Agriculture alimentation et forêt — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Michel Clément :

J’interviens également pour m’opposer à la motion de rejet préalable soutenue par Antoine Herth. J’ai entendu en commission des propos beaucoup plus pertinents que certaines caricatures énoncées tout à l’heure. Nous abordons dans cette deuxième lecture un projet qui veut porter les ambitions du Gouvernement pour notre agriculture, et plus encore pour nos agricultures et pour les hommes et les femmes qui en dépendent, sans oublier les territoires sur lesquels notre pays a su asseoir notoriété et réputation de ses produits tout en préservant la compétitivité du secteur agroalimentaire qui en dépend. Aussi, après avoir su préserver l’enveloppe financière au titre de la PAC, en veillant à une répartition plus juste et plus solidaire entre agriculteurs et territoires, vous avez voulu porter pour le monde agricole une politique ambitieuse qui veut relever les défis qui se posent aujourd’hui à l’agriculture, et ils sont nombreux.

Maintenir la performance des filières agricoles et agroalimentaires en conjuguant économie et protection de l’environnement, soit la préservation de la ressource essentielle qu’est la terre ; mieux valoriser la forêt française, que nous savons trop éclatée pour être rentable, alors que nous devons importer du bois ; réaffirmer la singularité de notre agriculture dans les outre-mer ; protéger les espaces naturels, agricoles et forestiers dont il nous faut enrayer une consommation devenue préoccupante ; renouveler les générations, mission que le monde agricole n’est plus en mesure d’assumer seul. Il s’agit également de maîtriser autant que faire se peut l’usage du foncier, son accès et sa concentration au profit de quelques-uns, mais aussi la dynamique de financiarisation.

Les débats qui ont eu lieu jusqu’alors ont montré qu’il nous fallait aller vers un interventionnisme étatique renouvelé. Cet interventionnisme, pierre angulaire de la politique agricole depuis les années 1960, n’a pourtant pas permis d’enrayer la diminution brutale du nombre d’exploitants, ni l’agrandissement des structures d’exploitation, dont certaines sont devenues inaccessibles au plus grand nombre, mais non pas aux capitaux étrangers.

Maintenant, il y a urgence à légiférer pour accompagner ces mutations. Le temps n’est plus à opposer agriculture et environnement, mais au contraire à conjuguer ces deux dimensions. Le temps est également venu d’accueillir des candidats à l’installation issus de la société civile tout entière, et non pas seulement du monde agricole, tout en refusant d’en faire des exécutants de donneurs d’ordre qui intégreraient les agriculteurs dans leur propre chaîne de valeur. Ce seront de nouveaux visages qui choisiront le métier pour lui-même et pour sa noblesse, celle de nourrir des hommes avec des produits de qualité.

Enfin, il n’y a pas de politique agricole sans enseignement, sans formation ni recherche, et votre projet de loi l’a bien compris, monsieur le ministre, en lui réservant un titre spécifique. Cette loi d’avenir est tout sauf un voyage vers le passé ; au contraire, elle est une projection vers l’avenir d’un monde agricole qui a changé et qui évolue, ce qui a manifestement échappé à notre collègue Antoine Herth.

Pour toutes ces raisons, mes chers collègues, je vous invite à rejeter cette motion de rejet préalable, parce qu’il y a désormais urgence à légiférer.

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