Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, monsieur le rapporteur pour avis, mes chers collègues, le secteur agricole fait face, en Martinique et en Guadeloupe, à de graves difficultés, alors même que l’agriculture représente en Martinique près de 12 % de la population active et 6 % du PIB régional.
La cercosporiose noire ravage depuis septembre 2010 les bananeraies martiniquaises. En outre, de nombreuses calamités de type cyclonique se succèdent. La dernière en date, la tempête Chantal, a endommagé près de 40 % des plantations bananières en juillet 2013, sans pour autant qu’une indemnisation ait pu à ce jour être dégagée pour les agriculteurs.
La question du sauvetage de nos agricultures ultramarines, indispensable économiquement, est donc ici posée. Nul doute que la réponse doive passer par une agriculture propre, durable et respectueuse de l’environnement.
Pour ce faire, face aux contraintes que nous imposent nos climats tropicaux, aux calamités bactériologiques subies par nos plantations et à la récente décision d’interdire l’épandage aérien – qui permet d’ailleurs de concourir à la saine image de notre agriculture –, j’appelle votre attention sur la nécessité de relancer la recherche d’une nouvelle variété de banane.
C’est dans cet esprit que je vous présente un amendement visant à mettre en oeuvre, à titre expérimental, des recherches sur des souches résistantes à la maladie, et ce en utilisant la technique intergénique, dans le respect de la réglementation européenne en la matière. À cet égard, je précise que, dans la mesure où la banane est issue d’une souche femelle, il n’existe aucun risque environnemental.
De plus, dans le cadre de la prévision des risques climatiques, il convient de mettre en place un système d’indemnisation plus rapide et plus large pour assurer la survie de nos agriculteurs. Ce mécanisme doit intervenir tout en soulageant le budget de l’État, en répartissant le poids du risque entre les groupements de producteurs, les assureurs privés et les collectivités territoriales ou régionales.
Plusieurs amendements dont je suis cosignataire visent donc à étendre le Fonds national de gestion des risques en agriculture à l’outre-mer, tout en garantissant une répartition qui soit bénéfique aussi bien pour l’État que pour nos agriculteurs.
Par ailleurs, le Gouvernement a légitimement pris en compte l’appartenance au patrimoine culturel et gastronomique protégé en France du vin, des boissons spiritueuses et de la bière. Toutefois, il ne faut pas omettre nos cultures tropicales, françaises elles aussi. Même si elles peuvent apparaître exotiques depuis l’Hexagone, elles constituent, tout autant que les autres, une véritable richesse culturelle, traditionnelle et patrimoniale pour nos concitoyens français d’outre-mer et pour la France.
Enfin, la dimension sociale du secteur agricole est ferme mais juste outre-mer, et ce grâce à la qualité du dialogue social. Cependant, les nombreuses autorités syndicales, très présentes localement, ne sont pas reconnues officiellement au niveau national. Dans un souci de justice, il convient de corriger cette anomalie.
Le secteur agricole antillais, dont l’impact économique et social est considérable, est en définitive une entreprise dynamique, s’attachant à produire proprement et durablement, qui nécessite impérieusement la participation des pouvoirs publics à ses projets visant à assurer sa survie, notamment face aux calamités climatiques et bactériologiques.
Monsieur le ministre, c’est donc avec conviction et détermination que je soutiens ce projet de loi agricole.