Intervention de Christian Mantéi

Réunion du 2 juillet 2014 à 17h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Christian Mantéi, directeur général d'Atout France :

Les statistiques auxquelles vous faites allusion ont le mérite d'être établies sur les mêmes bases depuis longtemps : nous disposons donc de longues séries. Elles n'en sont pas moins – comme dans les autres pays – très discutables. Elles pèchent par optimisme en comptant trop d'arrivées, car elles négligent que 10 000 à 15 000 personnes sans doute ne sont qu'en transit ; elles pèchent par pessimisme, car une partie des revenus de l'hébergement, par exemple, est difficile à appréhender. Ainsi, lorsqu'un Britannique qui a acheté une maison en France la loue à un compatriote, le prix de cette location échappe à nos statistiques… L'évaluation des retombées de l'économie collaborative, en particulier, est un exercice très délicat.

Il est certain aussi que nous sommes la seule grande destination touristique au monde qui ait diminué son stock de chambres d'hôtel ! Or, une destination touristique, c'est de l'accueil, des paysages, de la culture… mais aussi des valeurs techniques, des stocks, des volumes, des prix : le tourisme, c'est une industrie. Je prends l'exemple d'un endroit où notre potentiel est très fort : dans l'Hérault, nous n'accueillons que 12 % de clients internationaux, car la qualité n'est pas au rendez-vous. On ne peut accueillir qu'une clientèle française très bienveillante ! Sur l'ensemble de notre façade occidentale, nous accueillons 15 % de clients étrangers, contre 20 à 22 % il y a dix ans.

Ne pas développer le tourisme dans notre pays est un tour de force qui ne s'accomplit que parce que ce ne sont ni les clients, ni les investisseurs, ni mêmes les élus qui décident, mais le citoyen électeur local. Je vous mets au défi de construire un grand projet touristique dans la forêt landaise, même en respectant toutes les règles du développement durable : personne n'y arrive, et il n'y a donc pas de création de valeur. On ne peut pas créer de la valeur seulement en créant grâce à des réductions fiscales des bulles de loisirs dans des territoires ruraux défavorisés…

En matière de tourisme, les marges de progression à Paris et en Île-de-France sont en réalité faibles. D'ailleurs Paris progresse ; mais l'ensemble de notre territoire régresse. C'est le niveau de l'investissement qui compte, or il est très faible. Prenez la montagne en été : les Suisses créent plus de valeur que nous ! Dans les Antilles, de même, nous régressons. La croissance nationale, c'est une vue de technocrate : ce qui compte, c'est finalement plus l'addition des politiques locales qu'une politique nationale. Je demande donc – sans l'obtenir – un bilan territoire par territoire.

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