J'exprimerai un constat, un regret et un voeu.
Mon constat ne vise à agresser personne, puisqu'il vaut pour tous les bancs de l'Assemblée : je suis frappé par le conservatisme latent qui règne ici. En reprenant les débats de 2010 sur l'instauration du conseiller territorial, je suis effaré de constater que les quelques modestes arguments que j'avais alors avancés sont les mêmes que ceux qui émanent à présent des bancs de la droite. Monsieur le président, je vous assure que je n'étais pas à droite à l'époque (Sourires) : j'étais simplement dans la minorité. Quant à la droite, elle n'est pas passée à gauche : elle est simplement retombée dans la minorité. Nous devrions, sur le plan individuel et collectif, nous méfier de ce travers naturel.
Le fait que mon propos vaille aussi pour les élus régionaux et départementaux me conduit à regretter que la loi interdisant le cumul des mandats n'ait pas été applicable dès le mois de mars 2014 : d'une part, je ne me serais pas présenté aux élections municipales, ce qui m'aurait évité une défaite cuisante (Sourires) – cela me fait du bien de le dire – ; d'autre part et surtout, les députés actuels, de droite ou de gauche, seraient dégagés du prisme déformant et réducteur de leurs corps d'origine, c'est-à-dire des collectivités auxquelles ils appartiennent, et ils ne chercheraient qu'à simplifier ce millefeuille administratif dont chacun s'accorde à reconnaître qu'il constitue un véritable carcan. Voilà la réalité qui est la base de notre discussion.
Soyons donc courageux. Du courage, il m'en faut lorsque je reviens dans ma contrée, qui est de gauche à 80 % : dans mon conseil général, l'autre jour, j'ai été le seul à m'insurger contre ce que j'appelle une réaction de petits barons, de petits élus qui veulent conserver leur territoire, leur pré carré, oubliant l'avenir du pays. Je remercie donc le Gouvernement d'avoir fait preuve de courage en la matière : nous sommes ici pour légiférer afin que les régions puissent être fortes et novatrices, capables de favoriser l'investissement et d'accompagner les filières d'excellence.