Ne revenons pas sur le calendrier rock and roll, sur la carte dessinée sur un coin de table où n'apparaissait même pas le nombre de régions, sur l'amendement-tweet prévoyant le rattachement du Limousin à l'Aquitaine, pour nous en tenir à quelques remarques de fond sur un dossier qui nous arrive un peu vide. Pour ne citer que l'exemple de la Basse-Normandie, cela fait dix ans qu'Alain Le Vern et d'autres du même bord politique devaient s'entendre sur une réunification régionale qui n'a pas eu lieu, même si, heureusement, les léopards continueront à rugir avec fierté…
Au-delà de tout cela, j'aimerais entendre le ministre s'exprimer sur les critères qui détermineront le choix des chefs-lieux de région. Quelle sera, en parallèle, l'organisation déconcentrée de l'État ? Comme l'a souligné Hervé Gaymard, Malte, les pays baltes et la Sarre sont de petits territoires qui fonctionnent très bien, et il ne faut pas cultiver le mythe des grandes régions.
Quelles sont les économies escomptées de cette réforme ? On est passé de 25 milliards d'euros – soit 10 % des dépenses totales des collectivités territoriales – à une fourchette de 12 à 25 milliards d'euros, c'est-à-dire un montant qui varie du simple au double.
Je tenais aussi à vous faire part de mon inquiétude concernant les zones rurales. La métropolisation existe peut-être autour de Paris ou de Lyon. Qu'en est-il de la proximité pour les habitants des zones rurales ou montagneuses où il n'y aura pas de métropole ? C'est un vrai sujet, qui intéresse les élus de droite comme de gauche, pourvu qu'ils soient de bonne foi et de bonne volonté.
Quid de la réforme des intercommunalités ? Certes, ce n'est pas le sujet essentiel du jour car la suite de la décentralisation est renvoyée à l'automne, du fait du saucissonnage des textes. La population minimale d'une intercommunalité est fixée à 20 000 habitants, ce qui aura pour effet d'éloigner encore plus le chef-lieu des habitants. Quelle est la cohérence en termes de bassin de vie ou d'emploi ?
Au-delà de la polémique, des questions précises sur l'organisation de nos territoires se posent. À vrai dire, il n'y a pas d'objection politique ou intellectuelle à ce qu'on rebatte les cartes. Nous sommes loin des « régions Clémentel » du lendemain de la Grande Guerre comme des régions des années cinquante, circonscriptions administratives de développement économique et d'action de l'État. Nous sommes d'accord pour aller plus loin. Reste à développer de vrais arguments, à définir le projet, la méthode et le financement. Or, à ce stade, nous restons, de ce triple point de vue, réellement sur notre faim.