La première question qui se pose est de principe : faut-il rétablir l'article 1er ? Je suis de ceux qui considèrent qu'il y a trop de régions en France, et qu'une réduction de leur nombre est une bonne idée. Seulement, le diable est dans les détails, et l'on n'en sort pas depuis le début. La méthode choisie par le Gouvernement s'apparente en fait beaucoup à la RGPP – critiquée en son temps par l'actuelle majorité –, ici appliquée aux régions : à peu de choses près, on en supprime une sur deux ! (Sourires).
En réalité, la question la plus importante est celle des critères à retenir pour le redécoupage. Plusieurs ont été avancés à l'appui des amendements déposés. Si l'économie a son importance, elle conduit à regarder les choses au travers d'un prisme urbain privilégiant les métropoles – ce que j'ai un peu de mal à concevoir en tant qu'élu d'un territoire rural : il me semble que cette question mérite un débat. D'autres ont parlé de l'histoire, de la culture ou de la géographie : cela me rappelle le projet de M. Lionel Jospin de créer des régions européennes, discuté au Parlement en 1998, au cours de débats où le temps n'avait pas fait défaut. Lors de la création des départements, Napoléon avait pris en compte les transports et l'administration, mais il a été dit tout à l'heure que le schéma des transports n'avait pas vocation à se trouver au coeur de la réflexion. Bref, le ou les critères à considérer restent à déterminer.
Une autre question est celle du degré de précision que nous voulons retenir pour tracer la carte – région, département ou arrondissement –, et ce n'est pas une question anodine. Si l'on se réfère à l'arrondissement, on entérine de facto l'idée que le département est mort, puisque celui-ci perd toute cohérence en tant qu'échelon quand on lui arrache un arrondissement pour le rattacher à une macro-région. C'est là un débat riche et passionnant qui nécessiterait des heures de débat – qui nous sont malheureusement interdites, puisque nous devons nous décider à la va-vite, ce qui constitue une injure à l'histoire de France et à la dimension humaine de notre pays. Cela dit, l'amendement CD38 de M. Jean-Christophe Fromantin me paraît excellent en ce qu'il propose une méthode et une vision cohérente des choses.