Intervention de Claude Périou

Réunion du 2 juillet 2014 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Claude Périou, directeur général de Proparco :

Au-delà de la localisation des fonds d'investissement, nous essayons de sélectionner des co-investisseurs et des équipes de gestion ayant des stratégies qui respectent notre dispositif de sécurité financière. D'une part, nous veillons au respect de la thèse d'investissement des fonds, qui doit correspondre aux objectifs de notre groupe en matière de développement – nous disposons par exemple, pour certains pays africains, du Fonds d'investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (FISEA). D'autre part, nous portons une attention forte à la qualité professionnelle et à l'éthique des équipes de gestion, qui doivent être capables de gérer des entreprises et de leur apporter une valeur ajoutée. Proparco serait incapable, depuis son siège parisien, d'assurer la gestion d'une centrale hydroélectrique en Zambie.

Nous nous assurons aussi que les investisseurs et les gestionnaires ne sont pas dans des listes interdites et n'ont pas un passif nous permettant de douter de leur intégrité. De même, nous veillons au respect des règles dictées par le Groupe d'action financière (GAFI) pour que les gestionnaires des fonds s'assurent de leur connaissance des bénéficiaires effectifs des entreprises qu'ils financent et de ce que les règles environnementales et sociales soient respectées. Nous essayons donc de faire en sorte que le dispositif dans lequel l'AFD et Proparco interviennent soit le plus sécurisé possible.

S'agissant des missions de notre filiale, je rappelle que Proparco signifie « Société de promotion, de participation et de coopération », qui est le bras armé de l'AFD dédié au financement du secteur privé. Créée par celle-ci en 1977 pour y loger son activité de prise de participation dans le capital d'entreprises privées, à l'époque exclusivement situées en Afrique subsaharienne francophone, elle est devenue, à partir des années 1990, un établissement de crédit à part entière. Elle a d'ailleurs été agréée par les instances réglementaires pour accorder des prêts, ce qui s'est avéré utile pour accroître l'impact de ses opérations en faveur du développement.

Proparco est majoritairement détenue par l'État, au travers de l'AFD, qui est son opérateur pivot. Elle met en oeuvre la politique définie au travers de nombreux documents stratégiques, dont certains ont été présentés ici.

L'originalité de son modèle de fonctionnement consiste à mener des actions de développement mais aussi à bénéficier de revenus lui garantissant sa pérennité.

Proparco a d'ailleurs réussi à attirer un certain nombre de partenaires, notamment des banques de développement multilatérales ou bilatérales, comme la Banque ouest-africaine de développement, qui est un de nos actionnaires depuis longtemps, la Banque de développement d'Afrique du Sud, la DBSA, avec laquelle nous avons des relations étroites depuis les années 2000, ou la Caisse andine de développement, institution bilatérale en charge du développement en Amérique latine. Ces acteurs nous ont permis de bénéficier d'autres expériences et d'une meilleure connaissance des régions et des secteurs. Leur contribution est très appréciée de la part des autres membres du conseil d'administration et des missions d'inspection.

Notre filiale n'a pas de stratégie propre : elle poursuit le déploiement du secteur privé dans les grands domaines de développement de l'agence. L'AFD lui apporte un soutien considérable : tout notre personnel est détaché par elle et un certain nombre de procédures, notamment en matière de sécurité financière, sont partagées, de même que l'éthique et les engagements pris en matière de RSE.

L'État est bien présent dans les instances de Proparco, avec des représentants des tutelles, aussi bien du ministère des affaires étrangères que du ministère des finances. Le contrôle d'État est assuré par un commissaire du Gouvernement désigné par le directeur général du trésor. C'est le cas dans le Conseil d'administration, le Comité d'investissement consultatif, qui prend les décisions d'investissement, et le Comité d'audit, qui assure un contrôle a posteriori et permanent de nos activités.

Au moment où les budgets publics sont en restriction, le financement du développement est assuré de manière croissante par des opérateurs privés. C'est dans ce contexte que Proparco a trouvé sa place, qui est appréciée depuis trente-sept ans.

Nous essayons de combler des défaillances de marché en portant attention aux faibles niveaux de bancarisation des pays générant une économie informelle importante, à l'insuffisance de capitaux à long terme, notamment pour les gros projets d'infrastructures, en particulier en Afrique, au manque de devises pour réaliser des opérations de commerce indispensables au développement de ces pays, à l'inexistence ou à la faible taille des marchés boursiers, empêchant aux personnes gagnant de l'argent de le placer dans leur pays de manière sécurisée, et au manque d'appétit des investisseurs locaux à investir dans leur pays.

Au niveau macroéconomique, nous cherchons à favoriser l'émergence de réseaux bancaires indispensables ainsi que des bonnes pratiques pour les bourses de valeurs ou les métiers de la finance. À un niveau plus meso économique, Proparco essaie de soutenir des entreprises au travers de divers outils : des prêts à long ou moyen terme – de cinq à dix-huit ans –, sachant qu'elle n'ajoute aucun élément de concessionnalité dans son intervention et se refinance de façon transparente. Elle accorde en effet 3 milliards d'euros de prêts à des entreprises, pour lesquels elle se refinance auprès de l'AFD à hauteur équivalente. Elle dispose également d'un portefeuille de 500 millions d'euros d'investissement refinancé sur ses fonds propres pour un même montant. L'équilibre de nos opérations est donc assuré.

Proparco accorde également, en concertation avec l'Agence, des garanties à des entreprises n'ayant pas accès au marché financier au travers du dispositif ARIZ, permettant de partager les risques avec les banques commerciales implantées localement en Afrique.

Par ailleurs, nous nous sommes engagés dans la microfinance, dans laquelle l'AFD et Proparco sont devenus des acteurs importants, que ce soit en Afrique ou au Cambodge. Dans ce pays, la plupart des grands établissements financiers en sont issus et nous avons été soit actionnaires soit financeurs de ces opérations. Lorsque nous le faisons, nous demandons à nos partenaires d'accepter les principes sur la microfinance responsable pour qu'il n'y ait pas des taux d'intérêt abusifs ou des pratiques de gestion critiquables.

Enfin, pour les acteurs les plus fragiles, nous travaillons à une stratégie en faveur des acteurs de l'entreprenariat social et solidaire.

Nous essayons de ne financer que des entreprises viables. Je rappelle que le niveau de prêts non performants est de seulement 1,7 % ce qui est historiquement un niveau très bas.

50 % de notre activité sont dédiés à l'Afrique subsaharienne et 30 % des opérations ont un co-bénéfice climat. Proparco est, on l'a vu, active pour favoriser les intérêts français, que ce soit sous forme de partenariat dans le capital ou sur le terrain. Nous investissons aux côtés des entreprises françaises et répondons à leur besoin de financement dans des pays parfois difficiles.

Nous avons donc des outils performants, que nous essayons d'améliorer pour rendre l'ensemble de notre action mesurable. Et nous agissons, avec les 150 personnes qui sont à mes côtés, avec beaucoup de passion et le sens du service public.

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