Intervention de Gwendal Rouillard

Réunion du 9 juillet 2014 à 9h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGwendal Rouillard, rapporteur :

Nous ne reprendrons pas ici tout ce qui est dans les 280 pages de notre rapport, et que vous pourrez lire très en détail dans les jours à venir. Nous nous concentrerons sur quelques points saillants.

D'abord, le suivi de l'opération Serval, au Mali. Nous ne reviendrons pas sur l'indéniable succès de la première phase de l'opération, la libération du Nord, qui a fait l'objet d'un excellent rapport de nos collègues Philippe Nauche et Christophe Guilloteau.

La situation, aujourd'hui, est loin d'être stabilisée, et la « déconvenue » – pour ne pas dire autre chose – des forces maliennes lors de l'aventureuse expédition qu'elles ont menée dans le Nord au mois de mai dernier, en dépit de toutes les mises en garde, suffit à le prouver. Notre force est engagée sur la voie d'un désengagement partiel, que les événements de mai nous ont forcé à suspendre. Ce qu'il reste de la force Serval a pour mandat, conformément aux résolutions de l'ONU, de se concentrer sur le haut du spectre des opérations, c'est-à-dire des opérations « coup de poing » contre les groupes armés rebelles, terroristes et djihadistes, dont notre rapport présente la « cosmogonie » ô combien complexe. La force s'est, pour ce faire, recentrée sur Gao : cette base que nous avons visitée se consolide, elle est située à la porte du Nord, mais il faut souligner que son fonctionnement repose sur ce qu'il n'est pas exagéré d'appeler un « exploit logistique de tous les jours ». Les élongations, le climat, les faibles ressources locales et les menaces sur nos convois usent nos matériels… ainsi que nos femmes et nos hommes ! Il faut saluer l'endurance de nos soldats, qu'ils soient combattants ou logisticiens – nous avons en effet passé beaucoup de temps avec ces derniers, dont le rôle n'est pas toujours mis en lumière à sa juste valeur.

Nous avons encore 1 800 hommes au Mali ; quel est le scénario de sortie de crise ? Il est objectivement compliqué, pour deux raisons principales. La première, c'est que le « passage de relais » à d'autres forces paraît, pour le moins, compliqué. Les forces armées maliennes ? Leur reconstruction prendra du temps, surtout après leur défaite de mai dernier. La MINUSMA ? Nous avons pu observer sur le terrain les lenteurs et les lourdeurs de sa mise en place. Et de toute façon, une opération de maintien de la paix n'est ni conçue ni armée pour mener des actions d'antiterrorisme.

La deuxième raison, c'est que le dialogue intermalien, c'est-à-dire le processus de réconciliation entre Maliens, piétine. « À quelque chose malheur est bon » : avec la défaite des forces armées maliennes en mai, le Gouvernement malien n'a plus vraiment l'option de la force dans son jeu. Mais le risque n'est pas nul que certains préfèrent jouer le pourrissement, ou que comme trop souvent dans l'histoire du Mali, on se contente d'un arrangement politique si j'ose dire : « mal ficelé », qui débouche sur une paix fragile.

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