D'ailleurs, l'expérience de nos OPEX en Afrique montre que l'on peut y être pour longtemps : Épervier, au Tchad, dure depuis 1986 et Licorne, en Côte d'Ivoire, depuis 2002… Rien d'étonnant à cela : pour résoudre une crise africaine -comme une crise en général, d'ailleurs - il ne suffit pas d'intervenir ponctuellement. Encore faut-il le faire assez tôt pour que la situation ne soit pas devenue inextricable, et encore faut-il en assurer le « service après-vente », c'est-à-dire passer de l'intervention à l'action de stabilisation – c'est là tout l'enjeu pour le Mali, et c'est là ce que l'on n'a pas fait assez tôt en Libye – puis passer de la stabilisation à la normalisation, ce qui prend de nombreuses années, comme le montre le cas de la Côte d'Ivoire. Un mot sur la Libye, sans intention polémique : beaucoup de nos interlocuteurs nous ont interpellés pour regretter que ce travail de stabilisation, puis de normalisation, n'ait pas été accompli.