Dans la continuité des propos de ma collègue Émilienne Poumirol, je souhaiterais évoquer la question de la logistique et des matériels eu égard aux témoignages des 140 hommes du détachement que nous avons rencontré à Paphos. Mais je tiens tout d'abord à remercier nos rapporteurs. Nous saluons le travail que vous avez effectué et partageons les termes que vous avez utilisés. Vous avez évoqué le mot « fierté », parfois éculé mais qui, en l'espèce, est employé à bon escient. Je crois que ce sentiment est partagé par nos militaires qui se sentent utiles et qui portent haut et loin la voix de la France.
Les hommes que nous avons rencontrés au retour de quatre mois d'opérations en RCA reviennent épuisés, physiquement et moralement. Ils travaillent sept jours sur sept, sans un seul après-midi de repos. En matière d'équipement, seul un engin sur deux envoyés en RCA était blindé ce qui pose des problèmes majeurs aux responsables de mission compte tenu des dangers encourus. Il y a en outre peu d'avions disponibles. Autre élément surprenant : l'appareil qui amenait les hommes de Bangui à Paphos a dû faire escale à N'Djamena pour faire le plein de kérosène. Il n'y en avait pas en quantité suffisante à Bangui et l'avion a dû partir avec ses réservoirs à moitié vides. Encore un exemple : seulement 80 % des tentes sont équipées de la climatisation, ce qui pose de réelles difficultés du fait de la chaleur ambiante et de la fatigue accumulée.
Les Américains ont déserté le continent africain pour se redéployer en Asie ; l'Union européenne est relativement absente. Dans ces conditions, la France risque d'être seule en Afrique pendant encore des années. Je suis convaincu que l'état-major y réfléchit et envisage des mesures, mais il faut se poser la question de l'adaptation de notre matériel aux conditions africaines – le sable, la chaleur – en tenant compte du fait que notre pays y sera probablement seul présent pendant un certain temps.