Pour répondre aux questions sur les lacunes capacitaires, je dirai que lorsque notre commission se bat pour défendre les grands programmes d'équipement, comme l'A400M ou SCORPION, elle a raison. Et les témoignages de nos militaires sur l'utilité du VBCI en opération au Mali confirment qu'il faut continuer à le faire. De ce point de vue, la réunion de notre commission hier et le communiqué commun avec la commission des Affaires étrangères et de la défense du Sénat sont des plus justifiés.
S'agissant de la base d'Abou-Dhabi, il s'agit d'un bon choix, tant d'un point de vue opérationnel que stratégique. Nos avions qui y sont stationnés peuvent intervenir et s'entraîner à Djibouti et, compte tenu du contexte en Syrie et en Irak, il est utile de disposer dans la région d'un relais pour notre renseignement et notre influence. En outre les complémentarités très positives entre les bases de Djibouti et d'Abou-Dhabi se sont bâties très rapidement et il ne me semble pas utile d'entrer dans une démarche qui opposerait ces deux implantations.
Le partenariat avec le Tchad est ancien et des plus précieux, ne serait-ce qu'en raison de la position géographique privilégiée de cet État. Aussi ne remettons-nous nullement en question la pertinence de la décision de centraliser le commandement des opérations dans la bande sahélo-saharienne à N'Djamena. Nous connaissons tous par ailleurs les fragilités de la situation politique intérieure du Tchad. Lorsque le président Déby a décidé de retirer ses troupes de la MISCA, il s'agissait d'une mauvaise nouvelle car nous avons besoin du Tchad dans cette région, et ce d'autant plus qu'il exerce actuellement la présidence de la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC). Le ministre de la Défense a annoncé hier l'organisation fin juillet d'une réunion à Brazzaville de l'ensemble des États de cette sous-région, afin de trouver des solutions politiques pour la RCA ; il est de leur responsabilité de s'impliquer fortement en aidant la RCA, sinon ce pays ne se relèvera pas.
Enfin, je tiens à souligner l'étroitesse croissante de la coopération avec les États-Unis sur le continent africain. Nous avons pu le constater sur place, la décision d'acquérir des Reaper étant justifiée à la fois par la qualité opérationnelle de ce matériel et par l'amélioration qu'elle permet dans la coopération entre nos deux pays. Les États-Unis s'implantent très sérieusement en Afrique, en consacrant des centaines de millions de dollars à l'installation de bases dans plusieurs pays. Certes nous pouvons espérer davantage de nos partenaires européens, mais au vu de la qualité de notre partenariat avec les États-Unis, nous ne sommes d'ores et déjà pas seuls.