S'agissant de la fusion des agences, je plaide pour la construction d'un continuum dans la production de connaissances, qui va de la surveillance aux recommandations puis à la prise de décision. Cette dernière peut relever de l'action urgente, comme c'est le cas pour l'établissement public de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS), qui est dotée d'une capacité de réponse quasi militaire, avec ses stocks de masques, de vaccins et d'antibiotiques, et qui est même outillée pour répondre à un risque nucléaire, radiologique, bactériologique ou chimique (NRBC) : je rappelle que le stock stratégique de l'EPRUS représente 80 millions d'euros. La prise de décision peut aussi relever d'une crise sanitaire plus lente, comme par exemple dans le cas d'une pandémie grippale ou encore du chikungunya. De ce point de vue, l'expérience de la grippe A permet de tirer quelques leçons, et notamment le fait que l'on ne se soit pas suffisamment appuyé sur le réseau des médecins généralistes ou encore sur le système hospitalier à l'époque.
S'agissant de la coopération internationale, l'OMS joue évidemment un rôle crucial, mais nous avons également un organisme européen, l'ECDC (European Centre for Disease Prevention and Control), dont le siège est situé à Grenoble, et qui regroupe l'ensemble des systèmes de veille européens.
Ma candidature me semble par ailleurs de nature à rassurer le personnel concerné, puisque, je le rappelle, j'ai été membre du conseil d'administration de l'INPES.
En matière d'hémovigilance, je pense que la sécurité transfusionnelle n'est pas encore totalement assurée aujourd'hui ; des risques demeurent, qu'ils soient liés aux erreurs de patients ou encore au suivi post-transfusionnel. Nous n'avons pas malheureusement de ressources humaines suffisantes qui sont déployées en matière de contrôle et de veille dans ce domaine.
S'agissant de la réactualisation du plan stratégique pandémie, je tiens à rassurer M. Door : ce plan est bien constamment réactualisé. La chaîne de surveillance est, de ce point de vue, cruciale. L'InVS s'appuie sur les réseaux nationaux de santé publique, qu'il s'agisse des déclarations de maladies obligatoires ou encore des réseaux de médecins généralistes, le réseau GROG ou le réseau Sentinelles. En matière de suivi de la grippe, la superposition de deux systèmes de suivi n'est pas efficace : la fusion demandée se fait pourtant avec difficulté. Nous nous appuyons également sur les centres nationaux de référence (CNR), mais aussi sur les réseaux de partenaires et d'experts, qui permettent d'améliorer notre capacité à comprendre. La fonction de partenariat est en effet essentielle.
S'agissant du VIH, les médicaments sont aujourd'hui efficaces pour soigner, même s'ils ne permettent pas de guérir. Il y a toujours 6 000 à 7 000 contaminations par an. Mais la politique de prévention combinée doit être poursuivie, celle du dépistage et de la thérapeutique par les antirétroviraux, qui permettent de ne pas transmettre le VIH.
Concernant l'amiante, pour le moment, le sujet est resté très centré sur la problématique des maladies professionnelles. L'InVS travaille sur les expositions à l'amiante hors milieu professionnel. Mais il est certain que par ailleurs, la nouvelle agence aura à travailler sur les risques aussi divers que l'exposition aux particules fines, à l'amiante, aux épandages agricoles, etc.
S'agissant du virus de l'hépatite C (VHC), les nouveaux médicaments sont en effet très efficaces, sans effets secondaires. Mais le problème est leur coût : entre 60 000 et 80 000 euros le traitement, avec pour la pharmacie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, par exemple, un budget qui s'établit déjà à 11 millions d'euros depuis le début de l'année à ce titre. Et il s'agit du prix dans le cadre de l'autorisation temporaire d'utilisation !