Vous n'ignorez pas qui je suis, ayant été député durant vingt et un ans, de 1986 à 2007. J'ai arrêté ma carrière sportive une première fois en 1976, puis, après l'avoir reprise en 1980, définitivement en 1982. Après quoi, j'ai embrassé une carrière politique qui m'a tout d'abord conduit à la ville de Paris, comme adjoint chargé de la jeunesse et des sports. Je suis ensuite devenu conseiller régional de la région Île-de-France, conseiller municipal d'opposition de la ville de Meaux, puis maire de Coulommiers de 1992 à 2008. J'ai également été ministre de la jeunesse et des sports du gouvernement d'Alain Juppé de novembre 1995 à juin 1997.
Depuis 1996, je suis membre du CIO. Ma carrière et ma bonne connaissance du monde sportif international m'ont valu de participer aux différentes candidatures de la France aux Jeux olympiques.
J'ai déjà eu l'occasion de vous le dire : dès qu'il s'agit de promouvoir l'excellence française à l'étranger, vous pouvez compter sur moi. Il est ridicule d'opposer une candidature aux Jeux olympiques à une candidature à l'exposition universelle. Les deux sont complémentaires, et nous devons nous aider mutuellement. Jean-Claude Killy n'étant plus un membre actif du CIO, j'y suis devenu le membre le plus important puisque le plus ancien dans le grade le plus élevé. Je suis donc incontournable en cas de candidature aux Jeux olympiques.
L'image et le bien-être d'un pays reposent sur trois critères essentiels : son rayonnement économique, son rayonnement culturel et son rayonnement sportif. La France, qui a été une grande puissance économique, est aujourd'hui en perte de vitesse. Elle reste toutefois parmi les cinq premières puissances économiques mondiales. Sur le plan culturel, la France conserve son rang. Sur le plan sportif, contrairement à l'époque où je courais, elle obtient de bons résultats. Notre rang dans le classement des médailles est honorable, qu'il s'agisse des disciplines d'été ou d'hiver. Nous remportons régulièrement des titres de champion du monde ou d'Europe. La valeur des athlètes français, de l'école sportive française et des cadres techniques français – dont le corps a été difficilement maintenu en raison des restrictions budgétaires – est reconnue au niveau international. Il n'existe pas de problème entre les systèmes fédéraux français et international. Je tiens à rappeler que des présidents de fédérations nationales ont des postes de responsabilité au niveau international au sein des exécutifs, comme présidents ou secrétaires généraux : du reste, et on nous en félicite, la France organise régulièrement des championnats. Je citerai, outre l'Euro 2016, l'organisation cette année des jeux équestres mondiaux et, en 2017, celle des championnats de handball masculin. La France s'est également positionnée pour l'Eurobasket 2015. En revanche, le mouvement olympique français est en perte de vitesse par rapport au mouvement olympique international.
Bien qu'il soit difficile d'unir le mouvement olympique français et le corps politique, en aucune façon, je le répète, il ne faut opposer une candidature à des Jeux olympiques à une candidature à une exposition universelle. Si j'ai toujours affirmé que la France devait assumer une ambition olympique française pour la décennie 2020-2030, je n'ai jamais daté cette ambition avec précision. Il faut se rappeler que l'élection de la ville organisatrice se déroule six à sept ans avant le déroulement des jeux. La France peut, de plus, candidater non seulement pour les Jeux olympiques d'été, mais également pour les Jeux olympiques d'hiver ou pour les Jeux olympiques de la jeunesse. Sachons faire preuve de réalisme en admettant qu'il nous serait aujourd'hui beaucoup plus difficile qu'auparavant d'organiser les jeux d'été : en avons-nous encore les moyens ? Comme Jean-Claude Killy l'a souligné dans un numéro récent de L'Équipe Magazine, il nous faut rompre avec l'arrogance. Le CIO n'attend pas de leçons des Français, même si c'est le baron Pierre de Coubertin qui a ressuscité les jeux et créé le CIO : c'était dans les années 1890 ! C'est la raison pour laquelle la France ne doit pas compter organiser les jeux en 2024 au seul motif que ce sera le centenaire des jeux de Paris de 1924 : ce n'est plus un argument. Pourquoi ne pas viser l'organisation des jeux d'hiver de 2026 ou des jeux d'été de 2028 ?
Ce qu'il faut promouvoir, c'est la France : ne jouons pas, une fois de plus, aux tribus gauloises en mettant en concurrence l'organisation de Jeux olympiques avec celle d'une exposition universelle.