Nous avons assurément perdu plusieurs fois, mais sans avoir les arguments de Pékin. La Chine est peuplée de plus d'1,3 milliard d'habitants. De plus Samaranch était un président très actif et il s'était engagé envers la Chine, alors que Jacques Rogge, son successeur, n'intervenait pas dans l'orientation du choix des membres du CIO. Quant au choix de Pyeongchang pour 2018, il était naturel : la Corée du Sud a de très belles montagnes et dispose de toutes les installations nécessaires. Elle avait été battue à deux ou trois voix près par Vancouver pour les jeux d'hiver de 2010 et par Sotchi pour ceux de 2014. Didier Migaud et moi étions questeurs de l'Assemblée nationale lorsqu'Annecy s'est présentée : j'ai prévenu que la candidature de Pyeongchang était très sérieuse. Il aurait peut-être fallu passer un accord avec les Coréens. Quant à Christian Estrosi, il n'a pas entendu mon appel : il aurait dû présenter la candidature de Nice pour les jeux d'hiver de 2022. C'est dommage qu'il ne l'ait pas fait, car la ville aurait eu toutes ses chances.
S'agissant d'Annecy, je suis solidaire de l'erreur du comité olympique français. Le dossier était très mal monté au départ, car le comité voulait faire plaisir à toutes les vallées ! Or cela n'était pas possible. Jean-Claude Killy est monté au créneau et le CIO a généreusement accepté de faire passer Annecy de ville requérante à ville candidate. Le comité a alors regroupé les jeux sur un nombre plus restreint de vallées – La Clusaz, Chamonix et autour du Mont-Blanc –, ce qui a permis de rendre le dossier techniquement plus acceptable.
S'agissant des rumeurs qui circulent plusieurs mois à l'avance sur le nombre de voix qui se porterait sur telle ou telle ville candidate, c'est de la pure intox ! Je connais des membres du CIO qui m'ont assuré avoir tout fait pour faire gagner la France alors que je sais très bien qu'ils n'ont pas voté pour Paris. C'est la nature humaine.