Il faudrait d'abord définir ce qu'est l'intergénérationnel. Dans la maison des Babayagas, la plus jeune a cinquante-huit ans et la plus vieille a quatre-vingt-huit ans : il y a donc plusieurs générations. Partout en France, j'entends dire qu'il y a des frictions entre les sexagénaires et les octogénaires. Quand on arrive dans la grande vieillesse, je ne suis pas sûre que l'on ait envie d'entendre des gamins hurleurs dans les couloirs.
Le sujet mériterait une étude sérieuse, notamment sur les structures de ce type qui existent en Allemagne. J'ai cru comprendre qu'il y a des moments difficiles quand les vieilles dames descendent prendre leur thé au moment où les gamins rentrent de l'école. Il arrive aussi qu'elles demandent trop de services aux jeunes femmes qui ont une vie professionnelle et maternelle. Dans ma jeunesse, j'allais tous les dimanches chez mes grands-parents et trouvais ces visites d'un ennui confondant. Avons-nous vraiment des choses à nous dire ?
La mairie de Montreuil a donné aux lycéens une grande et belle maison qui est devenue leur bistrot et qu'ils gèrent.. Un jour, j'étais allée les voir au moment où ils tenaient leur conseil d'administration, et je leur avais proposé d'organiser des soirées en commun avec la maison des femmes, pour échanger nos musiques et nos textes subversifs. Sérieux comme des papes, ils m'avaient promis d'y réfléchir mais ils avaient fini par décliner. J'avoue avoir été un peu déçue.
La maison des Babayagas va travailler avec le lycée autogéré de Paris, situé rue de Vaugirard, pour confronter nos idées sur l'autogestion. Pour ma part, j'aimerais susciter un intérêt pour la chose démocratique et politique. Le XXe siècle fut très militant et je suis navrée de constater que la jeunesse actuelle a moins cette fibre.