Il est devenu très facile de délocaliser une direction du marketing à Londres ou à Bruxelles, même si le président et le siège de la société restent en France. Parce que les cadres supérieurs se sentent plus valorisés et fiscalement mieux traités à l'étranger, on constate une décentralisation diffuse, sur laquelle je ne peux donner aucune statistique. Il y a une certaine désinformation dans ce domaine, ainsi qu'en matière fiscale.
La fiscalité actuelle m'empêcherait de démarrer mon entreprise aujourd'hui. Il n'y a plus de capital familial en France. Tous mes amis qui ont réussi pendant les Trente glorieuses, notamment les Defforey et les Fournier, qui se sont illustrés dans la distribution, sont partis à l'étranger. Alors qu'ils sont beaucoup plus riches que moi, je n'ai pas pu attirer leurs capitaux en France comme j'aurais pu le faire en Allemagne ou dans d'autres pays. Chez nous, l'exil financier est un sujet tabou, que mon âge et le fait que je ne sois candidat à rien me permettent d'évoquer librement. J'ai voulu y intéresser cinq ou six députés, mais, quand j'ai organisé une réunion, un seul s'est déplacé, et encore : il était très pressé de rejoindre je ne sais quel comité Théodule. Il faut dire qu'aucun parlementaire n'a été patron de PME pendant dix ans. Peut-être reviendrons-nous sur la question de la fiscalité.