Les nouveaux métiers, notamment dans le domaine de la cyberdéfense, imposent de recruter de nouveaux ingénieurs. La DGA doit aussi s'adapter au passage à l'industrie numérique 2.0, ce qu'elle ne pourra faire qu'avec des moyens. Si je n'en demande pas plus que ceux fixés par la LPM, à l'instar du général de Villiers, je demande à tout le moins qu'ils soient effectivement mobilisés.
Sur Nexter, monsieur Juanico, un protocole d'accord a été signé la semaine dernière pour l'ouverture des comptes. L'État continuera, via Nexter, de détenir 50 % du capital de la future coentreprise ; le siège sera effectivement établi à La Haye, pour des raisons faciles à imaginer… L'affaire remonte à quatre ans. Nous avions été étonnés, alors, que la famille Bode-Wegmann, propriétaire de Krauss-Maffei Wegmann, accepte l'idée d'une présence durable de l'État au sein du groupe : la raison est assurément que cette présence assure une pérennité des commandes.
Les deux sociétés sont complémentaires, sur leurs produits – Krauss-Maffei Wegmann a vendu quelque 3 000 chars Leopard dans le monde, à des prix très rentables –, et Nexter dispose de produits d'excellence, tels le VBCI, les tourelles ou le camion équipé d'un système d'artillerie, le Caesar. La différence est que la société Krauss-Maffei Wegmann s'est spécialisée dans l'export, alors que Nexter est beaucoup plus empruntée sur ce terrain – situation anormale compte tenu de la qualité de ses produits et des investissements dont ils ont fait l'objet. Au char Leclerc et au Leopard 2 devrait donc logiquement succéder un engin hybride, dont la base roulante proviendrait du savoir-faire de Krauss-Maffei Wegmann, et les tourelles, les conduites de tir et les systèmes d'armes, de celui de Nexter et de Thales. L'opération vise aussi à consolider une société qui, comme General Dynamics ou BAE Systems, peine à l'exportation, où les Chinois deviennent très agressifs, notamment au Moyen-Orient.