Le CICE est extrêmement apprécié. Je suis personnellement à la tête d'une ETI familiale depuis dix ans : c'est la première fois que je constate une manifestation aussi concrète d'intérêt pour notre activité. Jamais 200 000 euros ne nous avaient été ainsi restitués.
Cela dit, nous partons de tellement loin qu'il ne faudrait pas attendre un « retour » trop rapide de la part des chefs d'entreprises. Et les 200 000 euros reçus par mon entreprise constituent un geste fort, qu'il faut toutefois comparer aux 2 millions d'euros que je tente d'investir annuellement.
Le CICE va assurément dans la bonne direction ; il offre une perspective positive. Nous sommes néanmoins très loin du compte. Le déficit de compétitivité de notre pays s'est accentué depuis dix ans. Nos usines ont vieilli : l'âge moyen des machines-outils est en France de dix-neuf ans alors qu'il n'est que de neuf ans en Allemagne. Nous devons rattraper nos concurrents en matière de robotisation, et monter en gamme. Il serait donc dramatique d'en rester au CICE, car il ne peut constituer que la première étape d'un mouvement qui doit être amplifié. Si d'autres mesures n'étaient pas mises en oeuvre, nous aurions le sentiment d'avoir eu affaire à une sorte d'annonce qui n'aurait pas été suivie d'effets. Le choc psychologique serait profond et ses effets iraient à l'inverse de ceux initialement recherchés. Des chefs d'entreprises feraient le choix de s'installer à l'étranger, option d'investissement que certains d'entre eux ne sont déjà pas loin de retenir.