Comparaison n’est pas raison : les Länder sont des États qui exercent des compétences régaliennes avec des moyens autrement plus importants que nos régions. Leur puissance ne provient ni de leur étendue ni de leur nombre d’habitants, certains, tels que celui de Brème, n’en ayant que 660 000, soit moins que le Limousin !
Le plaidoyer en faveur de régions « de taille européenne » est un non-sens, la région de Bourgogne étant à elle seule plus grande que la Belgique.
Ce projet consacre la victoire des grosses régions sur les petites, la loi du marché appliquée à l’organisation territoriale au détriment de la solidarité territoriale.
Le plafonnement du nombre d’élus à 150 désavantage les régions moins peuplées. L’Auvergne–Rhône-Alpes symbolise d’ailleurs ce déséquilibre flagrant : 34 conseillers pour l’un, 116 pour l’autre, sans parler du déficit de représentativité pour certains départements qui n’auront plus qu’un élu pour porter leur voix, deux, si le généreux amendement du rapporteur est adopté.
Dès lors s’opérera un déménagement territorial digne d’un plan social de grande ampleur qui aggravera la concentration dans les futures capitales régionales : les services publics, l’activité économique locale, les 80 000 emplois des régions se déplaceront vers les grands centres régionaux. Les espaces ruraux et périurbains seront quant à eux délaissés au profit de la métropole chef-lieu.
Le costume de grand réformateur dynamique que cherche à se tailler François Hollande est décidément bien mal ajusté.