À défaut de faire une si grande et pourtant si ambitieuse région, il me semblerait plus pertinent de relier la région Midi-Pyrénées à l’Aquitaine plutôt qu’au Languedoc-Roussillon. Je salue à ce sujet mes collègues Martine Lignières-Cassou et Nathalie Chabanne, ainsi que d’autres collègues, qui ont déposé un amendement visant à fusionner ces deux régions, amendement que j’ai cosigné pour des raisons culturelles, économiques et géographiques évidentes. Le potentiel de développement économique et industriel d’un tel ensemble est en effet incontestable. Ce rapprochement placerait cette nouvelle région au troisième rang des régions françaises, avec un PIB potentiel de 171 milliards d’euros.
Ces deux régions n’ont d’ailleurs pas attendu une réforme des collectivités territoriales pour mettre en place des coopérations et pour donner de la visibilité aux entreprises, qu’elles soient petites, moyennes ou multinationales. Elles promeuvent ensemble une identité commune et des projets d’avenir, qu’il serait dommageable d’entraver.
Ces deux régions partagent des filières industrielles reconnues, comme celles de l’espace ou de l’aéronautique. Elles ont d’ailleurs mis en place un place un pôle de compétitivité aéronautique, « Espace-Systèmes Embarqués », qui contribue à leur développement économique. Dès lors, il nous parait peu rationnel de séparer sur deux régions ce pôle de compétitivité, qui est l’un des plus importants de France et, comme je l’ai déjà dit, essentiel pour nos territoires.
Ces filières s’appuient sur des pôles universitaires et de recherche reconnus, et notamment sur l’Université de Pau et des pays de l’Adour, qui rassemblent les étudiants de Bayonne jusqu’à Tarbes. Ces deux régions ont également multiplié les initiatives visant à promouvoir une identité commune : la marque N’Py fédère les stations de ski et d’altitude des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques ; le bureau du développement économique de l’Adour soutient les acteurs économiques du Pays Basque à la Bigorre, en passant par le Béarn ; le projet de territoire, engagé depuis deux ans maintenant par le département des Hautes-Pyrénées, véritable démarche de marketing territorial et porté par l’ensemble des acteurs économiques, administratifs et politiques, fait apparaître sans aucune ambiguïté l’interpénétration des relations économiques et sociales entre le Béarn et la Bigorre.
On notera enfin que les infrastructures, que ce soient les routes, les chemins de fers ou les autoroutes, sont toutes dessinées autour d’un triangle Bordeaux-Toulouse-Bayonne et assurent ainsi une connexion efficace entre les métropoles, agglomérations et territoires de ces deux régions. Une fusion entre elles contribuerait à un développement plus équilibré et traduirait les coopérations et les liens naturels préexistants. Pour cette raison, je défendrai un amendement qui répond aux attentes des acteurs locaux du Sud-Ouest et qui vise à réunir les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées.
Monsieur le ministre, une réforme territoriale réussie est un mariage équilibré entre la géographie, l’histoire et le développement économique. Une réforme territoriale réussie se construit de manière horizontale avec une nécessaire concertation entre le niveau central et le niveau local et en respectant la démocratie locale. La méthode que vous avez choisie, consistant à imposer d’en haut une carte pas du tout appropriée aux territoires, créera de formidables résistances préjudiciables au fonctionnement de nos institutions.