La circulation des talents est une spécificité de l'université : au Moyen Âge, étudiants et enseignants effectuaient un circuit entre la Sorbonne, les universités italiennes, espagnoles et du Maghreb afin de se former ou de former. Cette tradition a perduré jusqu'à nos jours, où la France est le troisième pays d'accueil des étudiants étrangers – alors même que certaines tracasseries administratives sont de nature à limiter le pouvoir d'attraction de nos universités.
Les voyages formant la jeunesse, nous poussons nos étudiants à partir à l'étranger durant un semestre ou plus, que ce soit en Europe, comme ils peuvent le faire avec Erasmus, ou ailleurs dans le monde. Nous estimons en effet qu'il est bon pour eux de s'ouvrir aux autres cultures – tout comme nous pensons que notre pays doit accueillir, dans la mesure du possible, les jeunes étrangers qui souhaitent s'y former, car cela contribue au rayonnement culturel et scientifique de la France. Les étudiants venus du monde entier pour se former chez nous deviennent, une fois rentrés dans leur pays d'origine, des ambassadeurs et des clients du nôtre. De même, les jeunes Français qui partent se former à l'étranger connaissent mieux le monde, et cette expérience les aide à devenir des cadres responsables au sein d'entreprises ayant de plus en plus vocation à être internationales.
À nos yeux, si la situation actuelle pose un problème, c'est celui du taux de jeunes Français allant se former à l'étranger, beaucoup trop faible en comparaison de celui d'autres pays tels que le Royaume-Uni ou l'Allemagne, et nous espérons que des efforts résolus nous permettront de combler notre retard dans ce domaine. Je précise qu'il ne s'agit pas seulement de la formation de nos élites : tout étudiant a intérêt à vaincre son éventuelle appréhension pour devenir, à l'issue du temps passé hors de nos frontières, un citoyen responsable.