Je dois vous dire que nous ne nous sentons pas en phase avec l'intitulé de votre commission d'enquête, qui fait référence à l'« exil des forces vives de France ». En effet, le solde entre accueil et départs est pour nous fortement positif. Au classement des pays les plus attractifs pour les étudiants étrangers, la France occupe comme on l'a dit la troisième place, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni, et elle reçoit beaucoup plus d'étudiants qu'elle n'en envoie à l'étranger. Il en est de même si l'on considère, plus spécifiquement, les seuls diplômés hautement qualifiés – dans ce domaine, la France occupe le quatrième rang mondial derrière des pays d'immigration connus pour pratiquer de vraies politiques d'attraction, à savoir les États-Unis, le Canada et l'Australie.
Au demeurant, nous ne voyons pas en quoi le fait que les étudiants français aillent se former à l'étranger constituerait un problème : nous n'y voyons pas une forme d'exil, mais plutôt de circulation des talents, qui contribue à l'élévation des connaissances, des qualifications et du niveau de bien-être général. Il est très positif que les individus soient mobiles, a fortiori quand il s'agit des plus qualifiés d'entre eux. Quant aux étudiants, avoir un parcours international fait partie des motivations à la base de leur projet professionnel, et nous les poussons évidemment à pratiquer la mobilité, qu'il s'agisse de se former à l'étranger ou d'y travailler. Nous pouvons être amenés à nous poser certaines questions portant, par exemple, sur le taux de retour des étudiants dans leur pays d'origine, mais certainement pas à remettre en cause le principe même de ce qui contribue à la formation des talents, à l'enrichissement mutuel des cultures et à la compétitivité des entreprises françaises.
Les universités françaises développent, depuis quelques années, la pratique du guichet unique. Grâce à des dispositifs mutualisés – entre les établissements, mais aussi avec les différents services de l'État, notamment les services préfectoraux, qui collaborent de manière efficace et dans un esprit de confiance réciproque –, nous facilitons les premiers pas en France des étudiants étrangers en simplifiant les démarches administratives qu'ils ont à effectuer. M. Manuel Valls, avec qui nous avions évoqué ce point lorsqu'il était encore ministre de l'Intérieur, nous avait fait part de sa volonté d'aller encore plus loin dans ce travail conjoint des préfectures et des établissements universitaires, à l'exemple de ce qui se fait déjà dans d'autres pays européens.