Étant moi-même professeur de médecine, donc particulièrement concerné par votre question, je vais vous faire une réponse polémique : pour moi, la politique malthusienne pratiquée par l'ensemble des gouvernements qui se sont succédé au cours des quarante dernières années a pour effet d'inciter les futurs médecins français à effectuer leurs études à l'étranger, avant de revenir s'installer dans notre pays. Ainsi 20 % des médecins nouvellement inscrits à l'Ordre ont obtenu leur diplôme hors de France – et on sait qu'ils seront 30 % dans dix ans. Je n'hésite donc pas à dire que, de ce point de vue, nous avons failli à notre devoir. C'est un problème qu'il conviendra de régler, mais auquel la récente loi relative à l'enseignement supérieur et à la recherche a commencé d'apporter des solutions.
Pour ce qui est des motifs de départ des étudiants français, le premier d'entre eux est que nous les y poussons au moyen de divers dispositifs – encore insuffisamment incitatifs –, tels Erasmus ou les conventions d'échanges avec les universités étrangères. Cela étant, les étudiants eux-mêmes sont conscients de l'importance d'acquérir une expérience internationale pour trouver un emploi hautement qualifié. Certains d'entre eux trouvent cet emploi à l'étranger, ce dont je me réjouis. Le phénomène n'est pas nouveau : certains de mes anciens camarades d'université ont monté des sociétés aux États-Unis, où ils ont fait souche ; de même, de tout temps, des étrangers sont venus s'installer en France, ce qui fait que nombre de nos compatriotes sont des descendants d'immigrés – c'est le cas de notre Premier ministre ou de moi-même.