Intervention de Thierry Benoit

Réunion du 16 juillet 2014 à 9h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Que nos autres invités n'en prennent pas ombrage, je concentrerai mon propos sur M. Creyssel et M. Leclerc, tous deux au centre de la guerre des prix.

Notre pays ne compte que cinq centrales d'achat, ce qui assure à la grande distribution une position dominante qui lui permet d'imposer ses exigences à ses partenaires, qu'ils soient industries agroalimentaires, coopératives ou agriculteurs. De mon point de vue, nous devons y remédier.

En termes de droit de la concurrence, quelles devraient être les mesures à prendre pour améliorer la transparence dans votre secteur d'activité et assurer une meilleure répartition des marges et des prix entre l'amont et l'aval ?

Il semble que la grande distribution soit éligible au CICE à hauteur de 2 milliards d'euros. Votre activité comporte deux volets, l'un commercial, l'autre industriel. S'il est logique que vos activités industrielles vous ouvrent le bénéfice du CICE, cela ne va pas de soi pour ce qui est de la partie commerce.

Pour justifier la guerre des prix, monsieur Leclerc, vous vous dites attentif au pouvoir d'achat des plus démunis. En clair, vous expliquez aux plus pauvres de nos concitoyens que puisqu'ils ne sont pas riches, vous allez leur apprendre à vivre avec peu d'argent. Je préférerais, au contraire, que nous les aidions à acheter des produits à plus forte valeur ajoutée et de meilleure qualité. Au passage, il y a quelques années, je vous ai écrit pour vous sensibiliser au label VPF « Viande de porc français », mais vous ne m'avez pas répondu. J'en ai été d'autant plus contrarié que comme moi, vous êtes breton.

J'insiste sur le rôle éducatif de la grande distribution auprès des consommateurs, qu'elle doit inciter à bien se nourrir et à bien consommer. Or, à force d'expliquer que les yaourts ou la viande peuvent être vendus à bas prix, vous dévalorisez les efforts fournis en amont pour fabriquer des produits de qualité, et vous déstructurez la filière agroalimentaire et l'industrie, qui s'efforcent d'améliorer la qualité et la sécurité sanitaire et alimentaire. C'est un message très contre-productif que vous adressez aux consommateurs.

La grande distribution a, en outre, un devoir éthique vis-à-vis de ses partenaires. J'ai trouvé très intéressants, monsieur Creyssel, vos propos concernant l'instauration d'un code de bonne conduite, la publicité et la trajectoire de moyen et long terme.

Vivant en Bretagne, je suis très attentif à la restructuration de la filière industrielle dans le domaine de l'agroalimentaire. La position dominante de la grande distribution doit lui conférer un rôle majeur dans cette restructuration.

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