Intervention de Jean-Philippe Girard

Réunion du 16 juillet 2014 à 9h00
Commission des affaires économiques

Jean-Philippe Girard, président de l'Association nationale des industries alimentaires, ANIA :

Nous sommes inquiets de voir le CICE fondre dans les négociations commerciales, avec pour conséquence d'entraver les créations d'emplois et les investissements dans l'industrie alimentaire. J'en appelle à votre vigilance. Nous sommes au milieu du gué.

Nous sommes unanimes à considérer que les marges sont plus faciles à réaliser à l'export qu'en France. Sur un marché très mature et en tension, et dans un contexte de croissance molle, les entreprises, quelle que soit leur taille, tirent leur croissance et leur dynamisme de l'export qui offre des marges supérieures, grâce notamment à des discussions sur la construction des prix plus ouvertes.

Dans les DOM-TOM, pour répondre aux critiques sur la qualité des produits, un gros travail a été engagé afin d'établir des chartes qualité et de faire en sorte que les entreprises locales obéissent aux mêmes règles de fabrication qu'en métropole. Il est certain néanmoins que l'éloignement, la main-d'oeuvre sur place, la logistique, renchérissent le coût.

Michel-Édouard Leclerc a dit : « Aidons-nous ». Chiche ! L'enjeu est bien de mieux s'écouter et mieux se comprendre. Plutôt que de l'augmentation globale des prix, qui n'a aucun sens, parlons de la hausse de certains prix. Des secteurs, comme la mer et la pêche entre autres, en ont besoin pour survivre.

Je mets en garde Jacques Creyssel, dont je connais le talent de provocateur et l'habilité, contre les maladresses. Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est d'aider les quelque 11 000 entreprises qui souffrent à retrouver de la croissance et de la rentabilité. Le jeu des courriers, ce n'est pas mon truc. Relisez la lettre et vous verrez qu'elle a du sens. Je suis prêt à argumenter sur chaque ligne. Cette lettre se borne à expliquer la situation, alors que la réponse est plus contestable. Nous avons alerté le Premier ministre parce qu'il y a urgence.

Vous êtes tous des amis des entreprises, des grandes comme des petites ; il n'y a pas de raison de les opposer. Le label « Relations fournisseur responsables » a un vrai contenu et un vrai sens. Puisque le rendez-vous d'aujourd'hui est presque une répétition de la réunion de demain, j'en proposerai la signature par toutes les enseignes et toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Ainsi nous ferions un pas en avant dans la construction d'une relation qui ne soit plus fondée sur les seules considérations de prix.

Demain, je proposerai que les sujets soient envisagés à court, moyen et long terme. À court terme, je plaide pour un durcissement des contrôles et des sanctions, qui ont fait la preuve de leur efficacité, ainsi que pour un renforcement de la communication. Aujourd'hui, nous manquons d'aide et d'appui dans des relations déséquilibrées, nous l'avons tous rappelé. Essayons de rééquilibrer ces relations.

Je demanderai également la signature de toutes les enseignes et de toutes les entreprises. Il n'y a pas lieu de séparer PME et grands groupes : elles font l'emploi, la croissance et le bonheur des gens. Revenons aux produits ! Le prix est une chose, le marché aussi mais ce qui importe, c'est le consommateur, la qualité, le plaisir, la diversité. C'est le consommateur qui décide. Nous avons des produits régionaux et des terroirs à défendre. N'est-ce pas là l'enjeu ? Attention, d'ailleurs, avec la réforme des territoires en cours, à ne pas détruire en un an plusieurs années voire siècles de construction d'un produit, d'un savoir-faire.

Je suggérerai, en outre, le lancement d'un groupe de travail sur la prospective. Nous avons besoin de connaître l'évolution des matières premières, leur volatilité et leur disponibilité demain. Avec ce travail à court, moyen et long terme, nous pourrons préparer l'avenir.

Enfin, je souhaite que le label « Relations fournisseur responsables » soit adopté, même si je trouve que l'appellation « négociation responsable » serait plus appropriée. Fournisseurs et distributeurs, quel que soit le niveau de chacun, doivent prendre leurs responsabilités.

À long terme, il faut s'intéresser à l'export, à la taille des entreprises et aux projets qui permettront de le développer. Je le sais d'expérience, quand l'export va bien, le marché français va bien.

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