Intervention de Nicolas Gaume

Réunion du 18 juin 2014 à 16h00
Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de france

Nicolas Gaume, président du Syndicat national du jeu vidéo :

On l'a dit, le jeu vidéo est devenu un secteur stratégique pour les grands acteurs que sont Sony, Samsung, Microsoft, Nintendo, Apple, etc. De ce fait, les institutions et les gouvernements de certains pays en ont pris acte et ont décidé de mener des politiques extrêmement agressives. C'est ce qui s'est passé au Québec, où un crédit d'impôt relativement généreux a permis pendant une quinzaine d'années de rembourser près de la moitié des masses salariales des entreprises qui s'y installaient. Et l'on peut rajouter à cela un droit du travail extrêmement simple et un environnement stable, ce qui n'est pas le cas de la France.

Pour autant, si le Canada a eu une politique très agressive, notamment vers l'espace francophone que représentait la France, d'autres pays, notamment au sein de l'Union européenne, ont su lancer des dynamiques très différentes. Et si vous devez retenir l'exemple canadien comme emblématique de cette politique d'investissement stratégique et de la fuite de talents qui s'est opérée à son profit, vous ne devez pas oublier des pays comme la Finlande. En 2009, celle-ci comptait 1 000 salariés dans le secteur. En 2014, dans la seule ville d'Helsinki, il y en avait 2 400. Ainsi, en cinq ans, la masse salariale a plus que doublé.

Nous sommes bien conscients que, par rapport à d'autres secteurs professionnels et d'autres domaines d'activité, le nombre de salariés dont on parle – 25 000 – est assez modeste. Mais ce sont des jeunes, qui représentent la fine fleur de nos écoles de création entendue au sens large – architecture, animation, image – et de nos écoles d'ingénieurs. Ce sont des talents très difficiles à faire revenir. Au niveau de notre association, nous avons lancé un certain nombre d'initiatives. Le paradoxe est que nous avons du mal, en tant qu'entrepreneurs restés en France, à recruter. Il est pour nous très difficile de constater qu'un de nos collaborateurs est plus désireux d'aller travailler aux États-Unis, au Canada, en Corée ou en Finlande où on lui fait un pont d'or, que de rester en France.

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