Pas nécessairement, même s'il y en a quelques-uns au Canada ou en Finlande.
Nous avons une culture de bas de bilan. Dans les années 1980 et 1990, notre financement s'est fait par l'intermédiaire du système bancaire. Notre métier se finance par le haut de bilan. Clairement, nous sommes dans un secteur industriel. En effet, comment dire « oui » à une PME qui n'a pas de chiffre d'affaires, qui a besoin de 3 millions d'euros pour démarrer son activité et dont le potentiel de réussite est de 1 sur 10, 20 ou 100 ? Dans notre culture d'investissement en capital, c'est très difficile, alors que ça l'est beaucoup moins en Corée, aux États-Unis ou au Canada.
Les dispositifs qui ont été mis en place, FCPI et FCPR, ont été forgés par rapport à une typologie d'entreprises plutôt industrielles, matérielles. In fine, nous avons des outils qui drainent des capitaux, mais pour les FCPI et les FCPR, nous n'entrons pas dans les cases.
Par ailleurs, la culture d'investissement de la plupart de ces fonds – comme celle de la BPI – est une culture prudentielle. Nous sommes trop petits pour donner à ces outils l'envie de s'adapter ou de prendre en compte nos spécificités – et ce, malgré nos potentialités.
Je vais vous donner l'exemple d'Ubisoft, une entreprise exceptionnelle de notre secteur. Il se trouve qu'un de ses concurrents, une société américaine, Electronicars, avait acheté un bloc d'actions supérieur à celui des fondateurs, qui faisait d'elle le premier actionnaire de cette entreprise française. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) a eu l'occasion d'étudier ce dossier, et c'est le fonds souverain québécois qui a racheté ce bloc. Donc, aujourd'hui notre fleuron français, côté à la Bourse de Paris, a parmi ses principaux actionnaires le fonds souverain québécois.
Nous avons donc un secteur en croissance, très compétitif, qui peut s'enorgueillir de magnifiques réussites malgré un taux de mortalité élevé, mais qui se trouve ballotté entre un excès de prudence, et l'absence d'outils ou l'inadaptation de ceux qui sont mis à sa disposition.