Merci pour votre intervention. Votre tableau de la filière du jeu vidéo est assez noir. J'aimerais apporter plusieurs nuances et faire quelques remarques.
Aujourd'hui, il est dans les gènes des jeunes générations de partir à l'étranger et d'acquérir à la fois une langue et une expérience, surtout dans des secteurs stratégiques. Moi qui représente les Français qui vivent en Europe du Nord (dont les pays nordiques et scandinaves), j'ai rencontré des entrepreneurs qui, quelques années après avoir créé une entreprise à l'étranger – parfois dans le secteur des jeux vidéo – revenaient en France. Ils ne le faisaient pas seulement pour des questions d'environnement social et éducatif. À ce propos, je tiens à souligner qu'il y a au Québec des assurances maladies et des écoles gratuites. Il en est de même dans les pays scandinaves.
Quoi qu'il en soit, il serait intéressant de suivre la trajectoire des Français qui reviennent dans notre pays. Ceux que vous avez formés reviennent en France avec des compétences, des langues, une ouverture, des réseaux, des marchés qui sont également nécessaires pour les entreprises restées sur place. Il me semblait important de le préciser. Les jeunes qui partent peuvent revenir, ne serait-ce que parce qu'ils sont attachés à la France.
Certes, on a du mal à évaluer le nombre de ceux qui reviennent au pays. Et on n'incite pas forcément les Français à revenir. Je pense donc qu'il serait intéressant de davantage « muscler » le retour en France.
Par ailleurs, on peut regretter que l'Organisation internationale de la francophonie ait attendu quarante ans pour se doter d'une direction des affaires économiques. Mais heureusement, on réfléchit aujourd'hui à des normalisations qui devraient avoir un impact sur l'internationalisation de l'économie. Il faut en effet essayer de voir quels marchés on peut pénétrer grâce aux normes francophones. C'est une vraie question.
Ensuite, plutôt que de poser la question de l'exil des forces vives, il serait intéressant de réfléchir sur l'attractivité de la France vis-à-vis des investisseurs étrangers. Là encore, on se heurte à la barrière linguistique. Il y a quelques années, pourtant, le ministère des Affaires étrangères avait mené une campagne destinée, entre autres, à introduire un peu de multilinguisme et d'anglais dans les entreprises, pour attirer chez nous de nouveaux savoir-faire et de nouvelles compétences.
Nous devons faire preuve de plus d'agressivité pour rendre notre pays plus attractif, si nous voulons soutenir l'internationalisation de notre économie. J'ai bien compris ce que vous avez dit sur la nécessité de simplifier le droit du travail et d'alléger les procédures administratives. Mais ce n'est pas propre au secteur du jeu vidéo et je me demande si on ne risque pas, en se focalisant sur ce problème, de se tromper de débat.
Ma dernière remarque portera sur l'emploi. Il y a des entreprises qui se créent à l'étranger et des jeunes qui y partent pour trouver un emploi. On peut s'en féliciter. Mais quand ils reviennent – et cela nous ramène à la question de la trajectoire – ils créent de l'emploi, faisant souvent preuve d'innovation en matière de management. Je pense qu'il ne faut pas négliger cet aspect.