Cette mission sur l'avenir de France 3, qui fait suite au rapport pour avis que j'avais présenté en novembre dernier devant notre commission, résulte de la volonté de la ministre de la culture et de la communication. Celle-ci a salué votre travail, estimant que les programmes régionaux sont une force pour le service public et que l'organisation de la chaîne, comportant une antenne nationale et des décrochages régionaux, modèle le plus répandu en Europe, est le plus pertinent pour la France métropolitaine.
Penser l'avenir de la télévision publique comme un élément indispensable de la relation de proximité avec les Français est aujourd'hui une impérieuse nécessité. Les échanges de qualité qui se sont déroulés dans le cadre des nombreuses auditions que vous avez menées ont permis de dégager une vision partagée de ce que doit être aujourd'hui un service public audiovisuel au service de nos concitoyens et des territoires.
Avant d'en venir aux conclusions de la mission, je voudrais exprimer le souhait que nos travaux respectifs, qui sont complémentaires, constituent un cadre de réflexion pour le prochain contrat d'objectifs et de moyens entre l'État et France Télévisions. En effet la réforme de France 3 est attendue, à la fois par les téléspectateurs, qui souhaitent plus de proximité et d'informations sur ce qui fait la vie des territoires où ils résident, mais aussi par les salariés de la chaîne, soit près de la moitié des effectifs de France Télévisions. Ses antennes constituent un maillage indispensable à la fabrication de programmes dont la qualité est reconnue.
Depuis quelques années pourtant, la chaîne peine à trouver sa place au sein du service public et son identité, partagée entre réseau national et régional, demeure floue. En effet la diffusion d'informations de proximité représente à peine quarante minutes sur vingt-quatre heures d'antenne quotidienne. France 3 ne saurait demeurer une chaîne nationale avec des aspects régionaux quand on connaît à la fois le professionnalisme des journalistes qui y travaillent et la mine d'information et de production de programmes que constitue cette task force.
Votre rapport tente de répondre à la question de la valorisation de ces investissements dans des programmes régionaux, voire interrégionaux. Votre rapport précise que si « l'antenne nationale de France 3 possède toutes les compétences pour la fabrication de ses programmes : unités de programmes (documentaires, magazines, fiction), direction de la programmation, direction artistique, direction des études, etc., toutefois, ces structures travaillent rarement pour ou avec le réseau. » La raison est à chercher dans le fonctionnement en pôles de gouvernance, qui constitue à mon avis un frein au développement de France 3.
Je m'étonne que votre rapport ne fasse mention d'aucun projet de collaboration des stations régionales avec les chaînes locales. Vous rejetez aussi la proposition de basculement vers un système de chaînes locales avec des décrochages nationaux. Vous proposez en revanche le principe d'expériences d'offres de complément diffusées sur des canaux dédiés. Si une telle expérimentation est concevable pour la Bretagne, dont on connaît la capacité à proposer des programmes régionaux, je m'interroge sur le choix de France 3 Île-de-France, dont l'identité est peu visible, et dont le traitement de l'actualité souffre de sa proximité avec France 3 nationale.
Certaines de vos propositions sont de nature à redonner de l'éclat et de la visibilité à France 3. Vous préconisez ainsi de veiller à assurer un accès systématique, en direct et en différé, aux programmes régionaux et locaux, ou encore de saisir l'opportunité de la réforme territoriale pour revoir l'organisation territoriale de la chaîne. Vous recommandez d'augmenter le volume de diffusion, la réactivité et l'amplitude horaire des programmes régionaux. La priorité reconnue au développement de l'offre numérique est également à porter au crédit de ce rapport, tout comme la préconisation de développer les émissions de service, à des horaires permettant de capter une nouvelle cible de téléspectateurs actifs. C'est ce que vous appelez le développement d'une offre d'information de proximité enrichie, capable de mieux rendre compte de la vie des territoires.
Je voudrais pour terminer souligner que, si l'avenir de France 3 nous importe beaucoup, nous ne pourrons pas faire l'économie d'une réflexion plus générale sur l'offre de service public. L'offre territoriale devra être de nature à favoriser le succès de la réforme de France 3.
Ce qui se dégage de votre rapport, c'est la nécessité de faire confiance aux antennes pour porter cette ambition régionale à laquelle nous sommes tous très attachés et de faire entrer dans la modernité et la société du numérique l'offre régionale télévisuelle. Il en va de l'avenir de France 3, de son réseau et de ses salariés. Fenêtre ouverte sur nos régions, France 3 a tous les atouts pour rassembler les Français autour d'une ambition culturelle innovante et faire le lien entre les territoires et les citoyens, pour peu que cette volonté s'inscrive durablement dans des objectifs précis. Assumer une mission de proximité et une présence territoriale constitue aujourd'hui un objectif incontestable et incontournable du service public.