Intervention de Barbara Pompili

Réunion du 16 juillet 2014 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Nous approuvons une bonne partie des recommandations de ce rapport. Ainsi nous considérons comme vous que France 3 doit relever le défi du numérique, afin notamment de permettre la mutualisation des ressources des différentes chaînes et le renforcement des synergies entre télévision et radio. Votre proposition de mettre en place une arche numérique de service public retient particulièrement notre attention. Il est impératif de développer des offres numériques communes à l'ensemble de l'audiovisuel public si on veut accéder à de nouvelles potentialités, à condition qu'elles soient sources d'enrichissement culturel et que l'ensemble des personnels soient associés à ce projet. Pourriez-vous préciser quelles pourraient en être les modalités concrètes, notamment lorsque les taux de couverture des différents réseaux publics ne coïncident pas – c'est le cas dans ma région de Picardie, où France Bleu Picardie couvre essentiellement la Somme, alors que France 3 Picardie couvre toute la région ?

Le développement envisagé du numérique se fera-t-il à moyens constants, alors que les effectifs sont déjà faibles, ou bien bénéficiera-t-il de moyens supplémentaires ? La polycompétence que vous appelez de vos voeux suscite également des inquiétudes. Pouvez-vous les lever ?

Je suis toutefois étonnée que votre rapport n'aborde pas certains problèmes bien identifiés. Je pense notamment aux difficultés organisationnelles dont souffre France 3. Cela fait des années qu'on y dénonce une détérioration des conditions de travail, encore tout récemment dans un rapport réalisé à la demande du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail. Celui-ci pointe notamment la perte du sens du travail chez les salariés, la surcharge de travail ou la sous-utilisation des personnels, le manque de communication et de transversalité. Votre rapport aurait pu de même aborder la question des emplois précaires et de la « permittence ». D'une façon générale, il me semble compliqué d'évoquer l'avenir de la chaîne sans évoquer les conditions de travail au sein de cette entreprise publique. Il faudrait ainsi évaluer l'impact potentiel des réformes organisationnelles que vous préconisez sur ces conditions de travail.

Il est en outre fort probable, comme vous le suggérez, que la réforme territoriale aura des effets sur la structuration du réseau et c'est là une nouvelle source de questionnement. Pouvez-vous nous préciser votre sentiment là-dessus ? En tout état de cause, votre proposition de mettre fin à l'organisation en quatre pôles de gouvernance nous semble sage, tant ces pôles ont concouru au relâchement des liens avec les territoires et à la désorganisation des conditions de travail, au détriment de l'offre de proximité.

Votre proposition d'adapter le nombre des postes aux bassins de vie suscite également notre inquiétude : n'y a-t-il pas là un risque de réduire la couverture des zones rurales ou peu denses, au profit des grandes agglomérations et des métropoles ? Comme vous le savez, les Écologistes sont très attachés à l'offre de proximité et à l'identité régionale de France 3. Nous considérons que les arbitrages financiers ne doivent pas se faire au détriment des territoires et de l'offre de proximité. France 3 doit être la chaîne des territoires, et non une chaîne nationale de seconde zone.

Cela m'amène à évoquer la question du financement, question centrale si on veut véritablement renforcer France 3 et l'identité régionale de son offre de programmes. Les récentes annonces du Gouvernement quant à la fin progressive de la dotation compensant la suppression de la publicité après vingt heures ne laissent pas d'être extrêmement inquiétantes pour le financement de l'audiovisuel public.

Je souhaite à ce propos ajouter une dernière remarque touchant plus particulièrement le financement de la création par France 3. Sachant que la chaîne assure 50 % des obligations de création de France Télévisions, il me semble essentiel de l'autoriser à détenir des parts de « producteur » dans les oeuvres qu'elle finance.

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