Je rappelle sous forme de clin d'oeil que, comme l'indique mon rapport, France 3 distinguait, avant la réforme mise en oeuvre par Patrick de Carolis, 13 régions, dont celle du Nord-Pas-de-Calais-Picardie, qui correspond à l'un des points les plus largement débattus de la réforme territoriale que votre assemblée examine actuellement. France 3 a la capacité de disposer d'implantations dans l'ensemble des grandes agglomérations, qui permettent ce maillage originel, et des systèmes de diffusion amovibles – c'est-à-dire qu'elle peut diffuser selon différents découpages territoriaux –, comme cela a par exemple été le cas pour les élections européennes. L'organisation de demain devra bien entendu tenir compte de la nouvelle carte dessinée par la réforme territoriale, mais elle devra aussi pouvoir s'inscrire dans les bassins de vie et rester en lien avec les collectivités territoriales pour lancer certaines initiatives.
La disparition de l'organisation en quatre pôles semble rencontrer votre approbation – et notamment la vôtre, Monsieur Travert, qui avez qualifié cette superstructure de « kafkaïenne » dans votre rapport.
Il n'y a pas lieu de distinguer entre les salariés de l'échelon régional et national en considérant que les uns sauraient, et les autres pas : chacun a sa connaissance, les uns du terrain et des modes de travail plus souples y afférents, et les autres des réponses à apporter aux offres concurrentes des autres grandes chaînes généralistes. Il s'agit là d'un lien de complémentarité, et non pas d'un lien hiérarchique. Il est très important, en revanche, qu'une vision globale soit écrite sur le modèle de celle qui a dessiné les contours de France Bleu.
Madame Martinel, si nous n'allons pas jusqu'à l'inversion du modèle, c'est d'abord parce que ce n'est pas ce qu'attendent les publics, attachés à de grandes émissions telles que Thalassa ou Des racines et des ailes. C'est aussi parce que France 3 n'est pas mûre pour cela, car il faut déjà mener à bien l'écriture d'une ligne éditoriale partagée entre régions et national, présentant une offre générale. C'est enfin parce que les coûts rendent cette perspective inenvisageable.
L'offre nationale permet de satisfaire aux obligations en matière de création, qui sont une véritable richesse pour France 3 et qui sont appréciés par les téléspectateurs. Elle permet aussi de rapprocher et de rassembler les acteurs qui font vivre les territoires, ce qui est la vocation de France 3.
La régionalisation du programme national passe par des émissions qui sont un regard porté sur les régions, comme Midi en France et Les carnets de Julie. Ce regard doit encore évoluer et se fabriquer en collaboration avec les régions. Les équipes nationales font désormais un peu plus intervenir les personnels des régions, car rien ne vaut l'accueil de ceux qui connaissent la région et qui savent quels sont les gens qu'il faut voir et ce qu'il faut faire. Les équipes régionales permettent aux émissions nationales d'être aux bons rendez-vous et d'échapper aux images de carte postale.
Pour ce qui concerne les langues régionales, je cède la parole à M. Jean-Marc Dubois, qui a contribué au rapport.