Monsieur Rogemont, France 3 propose 70 heures d'émissions en langue bretonne par an. Certains en Bretagne considèrent que c'est peu, mais cela représente en réalité un investissement important, de l'ordre de 1,8 à 1,9 million d'euros par an, pour des audiences parfois difficiles, qui se situent entre 2 % et 5 %, car ces programmes sont, par définition, segmentants. C'est aussi la gloire et la mission du service public que de diffuser de telles émissions qui valorisent la langue bretonne. Nous sommes les seuls à le faire à ce niveau et France 3 Bretagne maintient cet investissement.
Le coût de grille de ces programmes en breton se situe entre 20 et 25 millions d'euros : l'investissement n'est donc pas négligeable. En Alsace, le coût est de l'ordre de 2,5 millions, mais la proportion de locuteurs n'est pas la même – et je ne parlerai pas de la Corse. Les investissements en régions dépendent aussi du nombre de téléspectateurs susceptibles de suivre les émissions.
La création d'un portail des langues régionales pourrait être une solution pour rapprocher l'ensemble de ce que fait France 3, qui diffuse en sept langues régionales. Nous pourrions même envisager un portail européen, car d'autres télévisions régionales diffusent elles aussi des langues régionales. Il n'est pas question pour nous de réduire ou de supprimer la place des langues régionales, mais nous tenons à assurer la qualité des émissions, qui doivent pouvoir être plus regardées. Le critère ne doit pas être le seul volume horaire : à quoi bon diffuser chaque année un peu plus si cela ne s'accompagne pas d'une augmentation de l'audience et de la qualité ?