Intervention de Hélène Duchêne

Réunion du 9 juillet 2014 à 10h00
Commission des affaires étrangères

Hélène Duchêne, directrice des affaires stratégiques, de sécurité et du désarmement au ministère des affaires étrangères et du développement international :

Je ne partage pas votre avis, monsieur Bacquet, sur la défense et la politique étrangère européennes. Considérez la situation actuelle et vous constaterez que l'Union européenne dispose de nombreux outils de gestion de crise. Elle est ainsi le premier donateur d'aide humanitaire en RCA, et il n'est pas inintéressant que cette aide arrive avec les moyens militaires destinés à faciliter sa distribution et à contribuer à la sécurité. En RCA, les 500 Européens annoncés sont présents et participent à la sécurisation de l'aéroport et les quartiers PK3 et PK5 de Bangui. Ces opérations sont difficiles à monter parce que l'Union européenne, n'ayant pas de chaîne de commandement permanente, doit en constituer une à chaque fois – c'est compliqué. Au Mali, l'Union européenne a dépêché 400 formateurs dont 100 Français, pour entraîner les forces maliennes ; c'est une autre opération de sortie de crise. Ni politiquement, ni militairement, nous ne pouvons intervenir seuls dans la durée. Notre intérêt est donc de mobiliser les autres États, et les opérations européennes se font. On voit même s'engager des pays qui, telle l'Allemagne, ne le faisaient pas précédemment, Nous avons des alliés, et nous constituons avec eux la défense européenne. Peu de pays, c'est vrai, portent l'effort capacitaire de l'Union européenne ; c'est pourquoi nous poussons, à l'OTAN, au partage du fardeau. Les événements survenus en Bosnie nous ont fait mesurer que l'Europe devait avoir une capacité militaire ; il ne faut pas y renoncer et, de fait, les opérations continuent.

La vente des bâtiments de projection et de commandement Mistral à la Russie provoque certaines réactions, mais il s'agit d'un contrat qu'il convient d'honorer. Les choses seront examinées lors de la livraison, en octobre.

Nous avons indiqué dès le début de la crise en Ukraine que nous ne participerions pas à une opération militaire. Mais nous sommes très attentifs à la solidarité entre Alliés et nous l'exprimons en prenant des mesures de réassurance en faveur des pays qui le demandent parce que, en raison de leur histoire, ils ont une sensibilité particulière à une menace potentielle. La France n'est pas seule à avoir agi de la sorte : de très nombreux pays ont participé aux mesures de réassurance par de survols de la Roumanie, de la Bulgarie et des Pays baltes. Dans une alliance militaire, la solidarité se manifeste en fonction d'une analyse partagée de la menace.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion