Intervention de Benjamin Gallezot

Réunion du 17 juillet 2014 à 11h00
Mission d'information sur le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi

Benjamin Gallezot, directeur général adjoint, à la direction générale de la compétitivité de l'industrie et des services, DGCIS :

Je souhaite préciser que l'une des courbes les plus importantes est celle présentée par Xavier Timbeau sur l'évolution du coût du travail dans différents pays, très significative en dépit des divergences pouvant résulter de l'utilisation de tel ou tel modèle. Par ailleurs, Paul Zagamé a, à juste titre, souligné l'importance des effets autres que macroéconomiques, à savoir ceux dus à la négociation salariale, aux réformes structurelles et à l'innovation.

Le CICE est concomitant à la prise de conscience par les entreprises, surtout les plus grandes, que les gains de compétitivité passent aussi par les accords pouvant être conclus au cas par cas, avec leurs salariés, sur les modalités d'une évolution des salaires préservant la compétitivité. Sur ce point, les responsabilités ont été partagées au cours des dix dernières années, l'État ayant à assumer ses décisions en matière d'évolution des prélèvements obligatoires, tandis que les entreprises sont responsables des politiques salariales qu'elles ont mises en oeuvre. Je pense surtout aux grandes entreprises, que l'on peut estimer en partie responsables d'un effet inflationniste touchant l'ensemble de l'économie, dû à une évolution mal maîtrisée des salaires – souvent financée par un transfert du coût correspondant sur leurs sous-traitants, ce qui entraîne des délocalisations –, alors que la préservation de la compétitivité ne les empêcherait pas d'être bien portantes, bien au contraire. Le mouvement de hausse des salaires se fait essentiellement au profit des personnels techniques, notamment dans les grandes entreprises du secteur industriel, qui ont besoin de personnels qualifiés – alors que les PME, qui disposent de marges beaucoup plus faibles, ont de plus en plus de difficultés à recruter ces personnels qualifiés. Cela dit, les entreprises commencent à prendre conscience du fait qu'elles ont une responsabilité dans ce domaine, ce qui laisse espérer que, nonobstant les incertitudes portant sur l'élasticité de la courbe de salaire, les effets bénéfiques du CICE ne vont pas se trouver annulés du jour au lendemain par des augmentations salariales.

En ce qui concerne la politique de compétitivité hors coût, j'estime que la mise en oeuvre, concomitante à celle du CICE, de programmes utilisant les crédits des investissements d'avenir, d'impôt recherche, d'innovation, d'amélioration de la capacité productive, se révélera forcément bénéfique sur le long terme, même si cela n'apparaît pas dans les simulations pour 2015-2016. C'est un bon moment pour agir sur les deux fronts. Ces éléments adjacents, qui n'apparaissent pas dans les modèles, doivent s'interpréter comme des facteurs positifs ayant vocation à accentuer les bons résultats qui y figurent, et à renforcer la confiance qu'on peut leur accorder.

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