Le rapport 2013 de l'AFII a confirmé une tendance : l'érosion des quartiers généraux européens. En 2013, seuls cinq ont choisi la France, contre douze en 2012 et vingt en 2011. Nous avons alerté le Gouvernement à ce sujet et une mission d'inspection est en cours, confiée à l'inspection générale des finances. Les quartiers généraux sont des investissements mobiles, qui s'implantent là où ils jugent opportun de le faire à un moment donné. Ils ne sont pas forcément liés aux évolutions du marché.
En ce qui concerne les centres de décision qui partent, l'AFII ne recense pas les flux sortants, mais uniquement les flux entrants, et, je l'ai dit, le nombre de centres de décision mobiles est en baisse. Or l'établissement en France d'un centre de décision a un impact sur d'autres investissements.
Pour ce qui est de l'évolution des investissements en France par rapport à ce qu'elle est en Europe, il n'existe pas de classement labellisé consensuel. Le « baromètre EY » – anciennement Ernst & Young – fait office de référence et permet de mesurer les investissements créateurs d'emplois avec un périmètre plus réduit que celui de l'AFII – EY ne prend pas en compte la reprise de sites en difficulté ni certains secteurs comme le commerce ou le tourisme. L'évaluation concernant la R&D place la France au troisième rang.
Nous avons lancé, dès 2009, l'enquête annuelle TNS-Sofres, qui constitue un matériau indispensable à la rédaction de notre rapport – lui-même élément clef de notre contrat d'objectifs et de performances. On peut avancer que les grands pays émergents, comme la Chine, ont une meilleure perception de la France. Cependant, on note une érosion pour les pays proches comme l'Allemagne, cependant que la perception de notre pays par les investisseurs américains est plus fluctuante.
Que représentent en Europe les quelque 700 décisions d'investissements ? Là aussi, je renvoie au baromètre EY : nous sommes troisièmes pour le nombre de projets – on en dénombre 514. Si nous restons derrière les Britanniques et les Allemands en termes de projets, nous sommes passés devant les Allemands en nombre d'emplois : nous étions au cinquième rang en 2012 et nous nous sommes hissés au deuxième rang en 2013. Pour sa part, l'AFII a recensé 26 000 emplois créés ou sauvegardés par les investissements étrangers en 2012, pour 693 projets ; en 2013, ce sont près de 30 000 emplois qui ont ainsi été créés ou sauvegardés pour 685 projets. La baisse a donc été enrayée grâce à des projets importants, comme ce centre de services créé à Lille par IBM, qui a engagé 1 000 personnes, ou grâce à des reprises de sites en difficulté, comme celle des usines d'aluminium du groupe Rio Tinto par le groupe allemand Trimet, qui a permis le maintien de 500 emplois.
En 2013, un projet d'investissement étranger représente en moyenne 41 emplois : il y a sept ans, c'était 60 emplois, mais, après une chute régulière, on était tombé à 37 emplois par projet en 2012. En général, les projets industriels ou de services que nous attirons sont à forte valeur ajoutée : ce qui les intéresse, c'est notre main-d'oeuvre qualifiée, mais cela ne représente jamais des centaines d'emplois. En outre, les usines que nous accueillons sont très numérisées et la productivité horaire y est importante. Ainsi avons-nous remporté, contre les Allemands et les Néerlandais, un projet d'assemblage de tracteurs du groupe japonais Kubota, qui créera, à Dunkerque, 140 emplois. Si la France est le premier pays d'accueil des investissements industriels étrangers en Europe, c'est parce qu'elle tire parti du socle industriel existant, la majeure partie des 200 projets industriels étant des extensions – nous n'avons accueilli que trente-deux usines nouvelles en 2013.