Intervention de Thierry Breton

Réunion du 23 juillet 2014 à 9h00
Commission des affaires sociales

Thierry Breton :

Plusieurs questions ont porté sur les partenariats de l'INCa avec les acteurs nationaux et régionaux. L'Institut travaille, avec l'ensemble des services d'administration centrale concernés, les directions et le secrétariat général, à structurer les relations avec les agences régionales de santé qui doivent être encore plus impliquées dans la mise en oeuvre du troisième plan cancer. Les ARS ont notamment un rôle important dans l'organisation du travail avec les associations, en particulier celles qui interviennent dans la prise en charge des patients, y apportant un complément tout à fait utile. Depuis 2006, l'INCa a soutenu, avec un budget de 4 à 5 millions d'euros, près de 160 actions engagées par les associations. Cet effort doit être poursuivi et organisé au niveau local.

Les ARS jouent un rôle important dans la lutte contre les inégalités sociales et territoriales. L'INCa intervient auprès d'elles en appui, pour leur apporter son expertise scientifique. Dans le cadre de la mise en oeuvre du troisième plan cancer, il les aidera en tant que de besoin à en organiser la territorialisation et à définir des actions ciblées tenant compte des réalités socioéconomiques et démographiques régionales.

Plus généralement, la lutte contre les inégalités sociales implique de renforcer les programmes de dépistage qui n'atteignent pas les objectifs fixés. À cette fin, un programme de prévention peut être défini au niveau national puis adapté en fonction des publics visés. Connaître la cible et comprendre les leviers sur lesquels agir est un gage d'efficacité. C'est pourquoi une déclinaison de la réflexion initiée au niveau national doit pouvoir être proposée au niveau régional. La question est d'élaborer une pédagogie qui mette en regard certains comportements – consommation d'alcool et de tabac, habitudes alimentaires – et les risques qui s'y rattachent pour aider nos concitoyens à en comprendre les enjeux sanitaires.

À ma connaissance, l'impact du cancer sur l'insertion professionnelle et économique des patients n'a pas encore fait l'objet d'études particulières. C'est pourtant un point essentiel, car en plus de souffrir d'une pathologie compliquée à vivre, se retrouver en situation de précarité économique n'est pas évident. Actuellement, un tiers des salariés atteints d'un cancer a perdu son emploi dans les deux ans qui suivent le diagnostic. C'est un chiffre dont on ne peut se satisfaire et qui nécessite d'engager une discussion de nature générale avec les partenaires sociaux. Des solutions autres que le temps partiel thérapeutique pourraient être envisagées, sous forme d'aménagements du poste de travail ou des horaires. Avec les entreprises, cette discussion devra être abordée sous un angle plus pragmatique. L'INCa s'efforcera de le faire en lien avec le ministère du travail.

L'exposition aux cancers professionnels fait l'objet, dans le troisième plan cancer, d'actions qui reposent sur une meilleure connaissance, que nous acquerrons en améliorant le partage de données et notre capacité à les analyser collectivement. Doit s'ensuivre le renforcement du suivi médical, avec l'articulation entre médecine du travail, équipes hospitalières et médecine de ville. L'information des salariés doit également être améliorée.

D'ores et déjà, le ministère du travail et les DIRECCTE travaillent avec les entreprises à substituer, à chaque fois que cela est possible, des procédés ou produits moins porteurs de risques que ceux habituellement utilisés. Cette démarche de prévention, d'information et de suivi des salariés, en coordination avec la médecine du travail, est précisément ce qui permettra de réduire l'exposition aux cancers professionnels.

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