Je remercie les différents intervenants pour leurs présentations. Les constats dont vous nous avez fait part sont aujourd'hui admis par la communauté scientifique internationale et entérinés par les gouvernements. Ils ont d'ailleurs servi de base à la litanie de conférences qui se sont tenues ces dernières années.
Au vu de mon expérience – j'ai participé à la préparation des conférences de Copenhague et de Durban –, le problème de fond me paraît le suivant : même si les Européens parviennent à mettre en place une politique concertée et à se doter d'objectifs ambitieux – ce qui suppose une convergence énergétique loin d'être évidente entre la France et des pays tels que l'Allemagne et la Pologne, qui continuent à utiliser du charbon en quantité –, plusieurs grands pays, à commencer par les États-Unis, premier émetteur de gaz à effet de serre, ne partagent pas cette vision. Pour leur part, la Chine et les autres pays émergents objectent que les pays riches cherchent à leur interdire de se développer alors qu'ils ont eux-mêmes consommé massivement pendant de nombreuses années. Ensuite, on en vient généralement à discuter des financements. Or le Fonds vert n'a pas été abondé. Et là, le processus s'arrête. Voilà ce qui s'est passé à Copenhague comme à Durban, et qui risque de se répéter à Paris en 2015.
Le problème est en réalité politique : il existe un décalage entre le constat dressé par les experts et notre capacité à décider et à mettre en oeuvre une baisse programmée des émissions de gaz à effet de serre. Je suis très pessimiste sur ce point. La course à la croissance est, somme toute, humaine, et il n'y a guère de raison d'interdire aux Chinois d'utiliser des automobiles ou aux Brésiliens de vivre comme les Français. Je ne vois se dégager aucune stratégie globale qui permettrait de préserver les chances de la planète, ce qui est très angoissant. Auriez-vous, messieurs, en votre qualité d'experts, des préconisations précises à formuler – le changement de tel comportement ou tel mode de consommation – qui seraient compréhensibles tant par les peuples que par les gouvernements ? Faute de quoi, nous allons continuer à tourner en rond, à organiser de jolies conférences et à nous faire plaisir en affichant des objectifs vertueux et très ambitieux. La France a d'ailleurs toujours été en pointe en la matière : le précédent gouvernement préconisait une réduction des émissions de 30 % et l'actuel plaide pour 40 %.
En définitive, il ne se passe pas grand-chose et la température continue à augmenter. Tel est le drame, et il n'y a pas de quoi être fiers : nous sommes collectivement responsables des échecs successifs des conférences sur le climat. À Copenhague, la décision a été prise notamment par les présidents américain, chinois, sud-africain et brésilien, hors de la présence des chefs d'État européens qui n'ont même pas été invités dans la salle des discussions ! La conférence s'est soldée par un échec, personne n'ayant voulu prendre d'engagements contraignants.