Le cinquième rapport du GIEC a confirmé la responsabilité des activités humaines dans le changement climatique. Bien que nous en ayons conscience, la dérive se poursuit. Quelle contradiction, alors qu'il est question de la survie de la planète !
La consommation du charbon explique 44 % des émissions de dioxyde de carbone. J'aurais d'ailleurs aimé entendre M. Mamère sur ce point, le charbon constituant la seule alternative au nucléaire. Depuis 2000, la production mondiale de charbon a progressé de 70 %, pour atteindre 16,9 milliards de tonnes par an. Le charbon est la source d'énergie privilégiée non seulement par les pays émergents, mais aussi par certains pays développés tels que l'Allemagne, où l'on ouvre des centrales au charbon pour compenser la fermeture des centrales nucléaires. Belle avancée !
Il serait urgent d'entendre, avant la conférence Paris Climat 2015, l'alarme sonnée par les experts du GIEC. Comme j'ai pu le constater en assistant avec d'autres parlementaires à la conférence de Varsovie en nombre 2013, l'engagement de tous est loin d'être acquis : d'une part, les pays développés refusent de se lier par des obligations ; d'autre part, les pays émergents ne veulent pas compromettre leur développement. Pourtant, des milliardaires de ces pays dépensent des sommes considérables dans nos grands magasins. Nous devrions être capables de les inciter à investir autrement les bénéfices qu'ils dégagent !
Des engagements ont été pris lors des conférences précédentes. À Copenhague, on a fixé l'objectif de limiter le réchauffement climatique à deux degrés d'ici à la fin du siècle. Or, au rythme actuel, l'augmentation de température atteindra 4,6 degrés. Et, d'après ce que je comprends de vos propos, messieurs, ce scénario demeure lui-même incertain.
Les phénomènes climatiques tels que le typhon qui a ravagé les Philippines constituent des signaux d'alerte. Le niveau des océans s'est élevé de 19 centimètres entre 1901 et 2012. Cette hausse pourrait atteindre 26 à 96 centimètres d'ici à 2100. Une grave menace pèse donc sur les zones côtières les plus peuplées, qu'il s'agisse de New York, Miami ou Bombay. On nous dit également que l'augmentation de la température des océans et de l'intensité des pluies va accroître les risques de cyclone. Enfin, les vagues de chaleur – telle celle qui a touché l'Europe en 2003 – ou de froid – à l'instar de celle qu'ont connue les États-Unis en 2012 – seront plus fréquentes.
Si nous voulons conjurer cette dégradation accélérée, le débat doit porter avant tout sur le mode de développement actuel : la production effrénée épuise les ressources de la planète et les écosystèmes. Si nous n'avons pas ce débat et si l'intérêt général ne l'emporte pas sur les intérêts mercantiles et, surtout, financiers, les intentions affichées ne resteront que des voeux pieux. Tel est le cas depuis déjà quelques décennies.